Après Lalouvesc, nous manquons de textes médiévaux pour retrouver le tracé précis de la route. Tout au plus sait-on qu’elle continue en direction de Saint-Bonnet-le-Froid où elle entre sur le plateau vellave. En effet, lorsqu’en 1252 Aymar de Beaudiner confirme le legs testamentaire de Guillaume son père en faveur de l’abbaye de Saint-Ruf, il le complète par divers biens situés entre la cime du mont dit Garda Oliver, sur la route de Tournon au Puy, jusqu’au village de Follet, à une fontaine près de l’église de Saint-Bonnet, la vente comprenant les lieux de Saint-Julien, Maernas et de Follet ( 2662 ). Ces toponymes ne figurant plus aujourd’hui sur aucun cadastre ni carte, ils ne nous sont pas d’un grand secours pour restituer le tracé de la route de Lalouvesc à Saint-Bonnet. Seul le cadastre peut nous permettre d’émettre une hypothèse d’itinéraire. Au sortir de Lalouvesc, le chemin dit « ancien » sur le cadastre, par opposition à la « grande route », se dirige vers le nord par le hameau de Rochelipe, puis passe au quartier des Champs. A partir de là, il se confond avec la limite des paroisses de Lalouvesc et de Saint-Symphorien de Mahun, limite qu’il suit vers l’est en direction de la Bosse ( 2663 ). Ensuite jusqu’au col du Rouvey ( 2664 ), le chemin ancien et la route du XVIIIè semblent confondus. Après le col du Rouvey en direction de Saint-Bonnet, il est net sur le cadastre que le tracé de la route actuelle ne suit pas fidèlement celui du chemin ancien. Au niveau du Bois des Ranchonnières, le chemin ancien passe plus au nord que la route actuelle et suit la limite des paroisses de Saint-Pierre-sur-Doux et de Saint-Julien-Vocance jusqu’au lieu-dit du Bouillot, sur près de quatre kilomètres. Ce petit axe direct est d’ailleurs dit en 1832 « ancien chemin dite coursière » ( 2665 ). Peu avant Saint-Bonnet-le-Froid, au niveau du col des Baraques, la route de Tournon est rejointe par celle venant d’Annonay par la vallée de la Cance précédemment décrite.
Même si aucun texte médiéval ne mentionne le chemin entre Lalouvesc et Saint-Bonnet-le-Froid, nous pouvons raisonnablement penser que l’axe retenu est médiéval. D’une part, la physionomie générale très rectiligne du chemin autour duquel semble avoir été établie la route au XVIIIè siècle, dont la R.D. 532 est l’héritière directe, correspond à ce que nous avons rencontré en de nombreux autres cas mieux documentés. D’autre part, la route sert de limite de paroisse dès que celle-ci n’est plus établie sur un élément de relief caractéristique, ici en l’occurrence un rebord de plateau, ce qui constitue le signe assuré de son ancienneté.
Au débouché sur le plateau vivaro-vellave, Saint-Bonnet-le-Froid est un poste de perception du péage du mandement de Beaudiner mentionné dès le milieu du XIIIè siècle ( 2666 ).
) Chevalier (U.) : Regeste Dauphinois, op. cit., t. II, n°8823.
) Lalouvesc, cadastre de 1832, section B1 dite de Lalouvesc.
) Saint-Pierre-des-Macchabés, cadastre de 1832, section C3 dite de Rouvey.
) Saint-Pierre-des-Macchabés, cadastre de 1832, section C1 dite de Rouvey.
) Cf supra, t. I, annexe n°13. Sur la château et le mandement de Beaudiner, cf. Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitats en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., vol. III, p. 47.