a- De Tournon à Lamastre

De Tournon à Saint-Barthélemy-le-Plain

Au départ de Tournon, le chemin de Saint-Agrève suit lui aussi la vallée du Doux comme les chemins conduisant à Annonay et à Saint-Bonnet-le-Froid. Peu après Tournon, nous le retrouvons en 1410 au lieu-dit de Ulmo, situé au quartier de Saint-Just, encore localisé sur les cartes I.G.N. ( 2683 ). A ce niveau, le chemin est qualifié d’itinere publico regio ( 2684 ). Plus loin, le lieu-dit de Malpas évoque clairement le passage de la route au niveau où la vallée du Doux se resserre en une gorge assez étroite, posant des problèmes de franchissement qui ne seront résolus qu’au milieu du XVIIIè siècle lors de l’élargissement de l’itinéraire ( 2685 ). Une centaine de mètres après le Malpas ( 2686 ), la route arrive face aux deux ponts permettant de traverser le Doux, soit le pont « de César » avant 1252, soit le Grand Pont à la fin du Moyen Age. A ce niveau, les itinéraires vers Annonay et vers Saint-Bonnet quittent la route de Saint-Agrève et traversent la rivière pour continuer vers le nord.

Après le pont du Doux qu’il ne franchit pas, le chemin de Saint-Agrève reste au sud de la rivière, en rive droite, pour rejoindre Saint-Barthélemy-le-Plain. Le cadastre napoléonien de Tournon le représente passant au ras de la rivière, une dizaine de mètres en contrebas de la route actuelle ( 2687 ). Comment s’effectuait la traversée du Duzon ? Aucun texte ne vient nous renseigner sur l’éventuelle existence d’un pont au Moyen Age et l’édifice actuellement encore en usage évoque indéniablement les ouvrages du XVIIIè siècle. Il semble difficile de faire remonter sa construction au-delà du XVIIè siècle. Néanmoins, l’actuelle arche unique vient prendre appui sur des substructions plus anciennes, formant des avants et arrières-becs triangulaires arasés à un mètre de hauteur tout au plus, qui semblent devoir être attribuées à un ouvrage antérieur. Serait-il médiéval ? Il est impossible de l’affirmer, mais remarquons que l’emplacement du pont correspond tout à fait à ce que l’on peut observer pour les autres ouvrages dont la datation médiévale est assurée. Les concepteurs de l’ouvrage ont profité ici, comme ailleurs, d’un rétrécissement de la vallée permettant de limiter la portée de l’arche, les hautes rives rocheuses offrant de plus la possibilité d’élever assez facilement le tablier du pont par rapport au niveau des eaux et de le rendre donc moins vulnérable aux crues. Sans rien affirmer, retenons donc que l’emplacement est propice pour l’établissement d’un pont dès le Moyen Age, ce dont témoignent peut-être quelques maçonneries anciennes conservées.

A partir du pont du Duzon et jusqu’à Saint-Barthélemy-le-Plain, le chemin n’est documenté par aucun texte médiéval. Les cartes anciennes, le cadastre et la toponymie permettent cependant d’esquisser son tracé. Au niveau du pont, deux itinéraires cadastrés s’inscrivant très bien dans le parcellaire signe de leur relative ancienneté au début du XIXè siècle, rejoignent Saint-Barthélemy. Au nord, un sentier emprunte la vallée du Doux sur une centaine de mètres avant de monter très directement par de très courts lacets en direction du hameau de Gouyet ( 2688 ), au sommet de la crête, pour ensuite continuer sur celle-ci jusqu’au hameau de la Raviscole ( 2689 ). Cet itinéraire, de par ses caractéristiques topographiques évoque le tracé d’un chemin médiéval, affrontant la pente en droite ligne afin de gagner une crête où le cheminement linéaire est très aisé. De plus, le toponyme Raviscole est un indice fort jalonnant le parcours du chemin.

Le second axe cadastré quitte le pont en direction du sud. C’est le chemin figurant sur la carte de Cassini et que sur celle de Ducros. Ce chemin passe par le sud du hameau de Bonnevie ( 2690 ) pour rejoindre le premier peu avant le quartier de la Raviscole. Le toponyme Bonnevie évoque pour sa part indéniablement le passage de la route. Ce chemin est-il ancien ou s’agit-il d’une modification de tracé réalisée en vue de permettre le roulage qui est rigoureusement impossible par l’axe nord ? A aucun moment ce chemin ne vient se surimposer à des limites parcellaires préexistantes ce qui laisse penser que si de tels travaux ont été effectués, ce tronçon n’en est pas pour autant une construction ex nihilo. Retenons toutefois que le tracé nord présente des caractères plus anciens, liés au portage par mulet et non au roulage.

De la Raviscole jusqu’à Saint-Barthélemy-le-Plain, le cadastre ne présente qu’un seul axe et aucune limite parcellaire continue qui ne soit liée au relief peut laisser penser qu’un autre itinéraire ait existé. La grande boucle qu’effectue la route actuelle vers le nord n’existait pas encore en 1816. A Saint-Barthélemy-le-Plain, la route traverse le village, puis peut après, elle se scinde en deux axes, l’un passant par la bastide de Boucieu, l’autre l’évitant en restant sur le plateau.

Notes
2683.

) Carte 1/25000è, n°3035 ouest, Tournon.

2684.

) AD07, G 265.

2685.

) AD 07, C 866, pièce n°8.

2686.

) Tournon, cadastre de 1819, section F dite de Ferrand.

2687.

) Tournon, cadastre de 1819, section F dite de Ferrand.

2688.

) Saint-Barthélemy-le-Plain, cadastre de 1816, section D, dite de Chabanet.

2689.

) Saint-Barthélemy-le-Plain, cadastre de 1816, section E, dite de Saint-Barthélemy.

2690.

) Saint-Barthélemy-le-Plain, cadastre de 1816, section D, dite de Chabanet.