La route directe vers Lamastre par le plateau

Au départ de Saint-Barthélemy, le chemin direct ne descendant pas à Boucieu passe certainement au lieu de Mazet puis à la Croix du Fraysse ( ²⁷⁰⁴ ) et ensuite non loin de Dielle ( ²⁷⁰⁵ ). Sur cette section, la R.D. 238 est venue se surimposer au tracé ancien. Après Faurite, le cadastre nous permet de suivre l’itinéraire ancien qui passe au nord de la route actuelle. Sur cette section, nous retrouvons le chemin en 1351 apud Pausas ( ²⁷⁰⁶ ), au lieu de Brueyron en 1463 ( ²⁷⁰⁷ ). A ce niveau, la route principale ne passe pas par la bastide royale de Boucieu. Nous retrouvons donc notre chemin resté en rebord de plateau cheminant par Orion ( ²⁷⁰⁸ ), puis les Trois Croix et Rochegude ( ²⁷⁰⁹ ).

Au delà de Rattier où se croisent l’axe principal et celui descendant vers Boucieu, notre chemin ne peut que continuer vers Le Crestet eu égard à la topographie des lieux. Il est confiné entre les reliefs du Serre de Montourat, culminant à 851 mètres au sud, et la césure de la vallée du Doux au nord. Sur le cadastre napoléonien, le chemin se poursuit par Maisonneuve ( ²⁷¹⁰ ) suivant un tracé décalé d’une centaine de mètres en direction du sud par rapport à la route actuelle.

Après Le Crestet, en direction de Lamastre, le tracé ancien et la route actuelle se confondent jusqu’au passage du ruisseau des Vernes ( ²⁷¹¹ ). Ensuite, au niveau de Monteil, en 1456, un pré situé in rivo de Cureria, prope Montelhium, confronte l’itinere regio quo itur de Mastra versus Borceio ( ²⁷¹² ). Cette route de Lamastre à Boucieu correspond à un tronçon du chemin de Tournon au Puy par Saint-Agrève. Le rivo de Cureria du XVè siècle est l’actuel ruisseau de Careyre ( ²⁷¹³ ), ce qui permet de situer la route avec précision. Passé le ruisseau de Careyre, en direction de Lamastre, le chemin se rapproche du Doux et circule immédiatement en rive sud non loin de la rivière passant au lieu des Baraques, puis enfin au très évocateur Malpas ( ²⁷¹⁴ ). Là encore, le toponyme de Malpas s’applique à un passage où la vallée se resserre et ne livre plus qu’une étroite bande circulable entre le coteau assez abrupt et la rivière, configuration courante au droit de tels toponymes comme nous l’avons déjà constaté sur la même route à Tournon, avant le pont sur le Doux. Sur les derniers kilomètres avant Lamastre, la voie ferrée reliant Tournon au Cheylard est pour l’essentiel établie sur le tracé ancien de la route.

Peu avant Lamastre le chemin traverse la vallée du Grozon. Aucun pont n’est mentionné au Moyen Age et sans doute n’y en avait-il pas. En effet, en 1768, il est question d’en établir un ex nihilo en remplacement d’un gué. Le plan complétant le dossier technique ne représente aucun élément ancien pouvant être le vestige d’un ouvrage effondré alors que dans bien d’autres cas, il est toujours fait mention des maçonneries en place, aussi minimes soient-elles, pour envisager de fonder le nouvel ouvrage sur ces dernières afin d’en réduire le coût ( ²⁷¹⁵ ). D’après ce plan, le gué et le pont sont superposés ( ²⁷¹⁶ ).

Le passage du chemin à Lamastre est attesté à de nombreuses reprises comme en 1463 ( ²⁷¹⁷ ) et en 1476 . Un péage, mentionné dès 1293 ( ²⁷¹⁸ ), est associé au château de Lamastre qui se trouve immédiatement sur le parcours de la route, à une centaine de mètres au sud de celle-ci ( ²⁷¹⁹ ). Le développement urbain tardimédiéval de Lamastre reflète bien l’importance commerciale de la route : l’habitat descend alors en effet des pentes du castrum pour se structurer autour de la place de foire qui n’est qu’un élargissement de la route de Tournon au Puy.