Par Désaignes
De Lamastre à Désaignes, le cadastre permet de situer « l’ancien chemin de Lamastre à Désaignes », qui passe le plus souvent un peu au sud de la route actuelle. Sur cette section, il semble que la route actuelle, qui s’inscrit mal dans le parcellaire, soit le résultat des travaux entrepris dans la seconde moitié du XVIIIè siècle ( 2724 ). Le chemin précédent passe par le Faubourg de Reyne, à la sortie de Lamastre, puis par Combeneyre et La Garde ( 2725 ) avant d’arriver à proximité de Désaignes en passant devant la maladrerie du lieu ( 2726 ). Le toponyme La Garde pourrait se situer non loin de la limite des mandements de Lamastre et de Désaignes, en bordure de la route. Néanmoins, il est impossible de fixer le tracé de cette limite avec précision et nous ne savons s’il correspondait au Moyen Age avec les limites de communes actuelles.
Depuis Désaignes, la route continue aujourd’hui par les Challayes vers Saint-Agrève. Ce n’est pas le cas au Moyen Age, cette route ne semblant pas alors avoir été empruntée pa un trafic autre que local. En effet, celle qui passe au lieu-dit des Challayes est au XVè siècle uniquement qualifiée d’itinere des Challayes à Désaignes, alors que la route de Tournon au Puy est presque systématiquement qualifiée d’itinere regio, ou au moins d’itinere publico ( 2727 ). Le fait même qu’elle aille aux Challayes et non à Saint-Agrève, carrefour routier et bourg important pourtant tout proche, incite à penser que nous avons à faire là à un itinéraire strictement local. Il est vrai que la section dite actuellement « montée des Challayes », peu avant d’arriver sur le plateau, pose des problèmes de viabilité certains : le versant montagneux, déjà particulièrement abrupt, est en outre entaillé de nombreux vallons rendant la circulation difficile. En 1768, la construction de la route à l’emplacement actuel est envisagée mais les difficultés techniques présentées sont édifiantes, ne permettant pas d’imaginer que la route médiévale soit passée par là. Les inspecteurs étudiant le tracé expliquent alors qu’il représenterait une dépense considérable « à cause de la rapidité de la montagne, des gorges affreuses et d’un grand nombre de ravins qui se rencontrent en ces parties, lesquels étant resserés causeraient des cinôsités irrégulières audit chemin, outre une infinité de source deaux qui formeroient des glaces en yver » ( 2728 ). Ce versant apparaît donc vraiment impraticable et la route médiévale est à chercher ailleurs.
La route tracée sur la carte de Cassini passe par les hameaux de La Blache, Sauterau et Jouangrand puis elle longe la serre de Barges et parvient au quartier évocateur du « Grand Chemin » pour continuer par le hameau de Cadet. Ce chemin n’est toutefois pas médiéval. Sur toute sa partie centrale, il est tout à fait surimposé au parcellaire ( 2729 ) et son caractère nouveau au début du XIXè siècle ne fait aucun doute. Sur le cadastre napoléonien de Désaignes ( 2730 ) cet axe est dit « route de Saint-Agrève à Lamastre », mais y figure aussi un « chemin de Saint-Agrève à Désaignes » qui semble alors de moindre importance puisque simple « chemin ». Ce peut être l’héritier de l’axe médiéval. Son inscription dans le parcellaire est très bonne en tout point et son tracé est très direct.
Ce dernier chemin ne passe pas par Désaignes même, mais il oblique deux à trois cents mètres avant le village pour remonter la vallée de la Sialle en rive gauche par Pralong ( 2731 ) et Chabanne ( 2732 ) après quoi l’axe traverse la rivière et remonte en rive droite jusqu’à Sialle ( 2733 ). Ensuite, le chemin remonte brutalement par Bobignac pour atteindre Lichessol en contournant la serre de la Chaudière par le nord ( 2734 ). A ce niveau, le chemin entre sur le plateau vivarois et la route venant de Valence par Chalencon vient s’y greffer pour continuer vers Saint-Agrève.