Après Saint-Agrève, le chemin apparaît à de très nombreuses reprises dans la documentation du XVIIIè siècle alors qu’il est question d’établir une liaison roulable dans de bonnes conditions de Saint-Agrève au Puy. Les études menées dans ce but sous l’égide conjointe des Etats du Velay et des Etats du Vivarais mentionnent le plus souvent la construction d’une nouvelle route ( 2742 ). Il a donc souvent été avancé, très imprudemment, que cet axe n’existait pas avant les années 1760-1770 ( 2743 ). Néanmoins, ce terme de construction ne doit pas nous abuser. En effet, dans le mémoire que les populations locales présentent en 1760 pour demander que les travaux soient financés par les Etats du Vivarais et du Velay, il est clairement expliqué que la « nouvelle route » doit être établie pour améliorer le chemin ancien qui est encore en service, mais qui, étant très dégradé, ne permet pas de circuler facilement. Ainsi, selon les auteurs du mémoire, le trajet de Saint-Agrève au Puy ne peut se faire en une seule étape alors qu’ils escomptent, après travaux, effectuer le même voyage dans la journée ( 2744 ). La nouvelle route n’est donc pas une création totale mais bien comme ailleurs, le réaménagement d’un axe ancien. L’inscription de la « nouvelle route » dans le parcellaire traduit bien cet état de fait. En effet, sauf cas de rectifications très ponctuelles et bien identifiables sur le cadastre napoléonien, elle ne vient jamais se surimposer au parcellaire ce qui ne serait pas le cas d’une route ouverte ex nihilo. Le chemin passe ensuite au pied du château de Montréal ( 2745 ), auquel n’est semble-t-il associé aucun péage, puis arrive au village de Mars. Depuis Mars, il gagne directement le Pont de Mars, le détour qu’effectue la route actuelle vers le sud datant des travaux de 1767 ( 2746 ). Un sentier cadastré au début du XIXè siècle garde encore la trace de l’axe ancien ( 2747 ) qui descend directement mais n’est, selon la formulation du XVIIIè siècle, « pas roulant » ( 2748 ). Au niveau du Pont de Mars ( 2749 ), la route traverse le Lignon et entre en Velay. Si à l’heure actuelle il ne subsiste aucun vestige d’un pont médiéval et si la documentation ne nous a livré aucun texte mentionnant expressément l’ouvrage, la toponymie permet de savoir qu’il en existait déjà un au XIIIè siècle. En effet, en 1254 et en 1314, le mansus del Pont de Martz est hommagé à l’évêque du Puy ( 2750 ) ce qui implique la présence d’un pont sans doute alors déjà assez ancien pour qu’un manse en prenne le nom.
En Velay, au-delà du Lignon, l’inscription de la route du XVIIIè siècle dans le parcellaire est assez mauvaise en de nombreux secteurs. Néanmoins, plusieurs limites parcellaires continues particulièrement nettes et quelques tronçons de chemins vicinaux doivent correspondre aux vestiges du chemin précédent que la nouvelle route, très rectiligne, coupe à plusieurs reprises. Ainsi, depuis l’entrée sur la paroisse de Saint-Voy, le chemin ancien est encore matérialisé en 1831 par une limite parcellaire continue ( 2751 ) décrivant une boucle une cinquantaine de mètres plus au nord. Cette limite recoupe la route au niveau du hameau de Main pour passer au sud en direction des Baraques et de la Détourbe ( 2752 ). A partir de là et jusqu’à Foumourette, les deux tracés semblent se confondre et passent par Chareyrot ( 2753 ).
Sur quelques kilomètres, de Foumourette à Champclause, le cadastre nous suggère deux tracés pouvant correspondre à l’ancien itinéraire.
Au nord de la paroisse de Champclause, apparaît encore sur le cadastre napoléonien de Champclause ( 2754 ), comme sur celui du Mazet-Saint-Voy ( 2755 ), le « chemin du Puy à Saint-Agrève », qui sert de limite entre la commune de Champclause et celle d’Araules. Ensuite, le chemin passe par le moulin du Fraisse puis à une centaine de mètres au nord de Champclause et rejoint le second itinéraire à la sortie du village.
Le second itinéraire n’est plus cadastré en 1826 comme le chemin du Puy à Saint-Agrève, mais uniquement comme le chemin de Ourbes à Foumourette. Sur sa partie centrale, les parcelles voisines ont déjà empiété sur le tracé et le plus souvent, sur cette section, le chemin est réduit à l’état de modeste sentier tracé en pointillé. Il est donc permis de penser que nous sommes en présence d’un axe bien inscrit dans le parcellaire mais en voie de disparition au début du XIXè siècle. Reliant Foumourette à Champclause beaucoup plus directement que le chemin passant au nord dit « chemin de Saint-Agrève au Puy », il peut s’agir d’un axe qui lui serait antérieur, abandonné parce que présentant un profil plus difficile que le premier pour le roulage puisque descendant très bas au niveau du ruisseau d’Ourbes.
Sur cette section, il semble que la route ait été déplacée à trois reprises. La première, au sud, sans doute médiévale, a pratiquement disparue au début du XIXè siècle. La seconde, plus au nord, à la limite des paroisses d’Araules et de Montusclat, est encore dite « chemin du Puy à Saint-Agrève » sur une courte section, mais on ne peut proposer de datation pour ce second itinéraire sachant qu’il est néanmoins ancien, peut-être même tardimédiéval. Enfin, tout à fait au nord, sur la paroisse d’Araules, l’axe construit au XVIIIè siècle est dit « route du Puy à Saint-Agrève ». Il est toutefois impossible de dater le glissement du chemin initial vers le nord et le relatif abandon de l’axe sud.
Après Champclause, les chemins se regroupent et continuent vers Montusclat par le quartier de Mandaroux ( 2756 ).
) Par exemple AD 07, C 858.
) Mazon A. : Notice historique sur Saint-Agrève, op. cit., p. 171.
) AD 07, C 1502.
) Cf. Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitats en Vivarais, Xè-XIII è siècles, op. cit., vol. III, p. 238.
) AD 07, C 858, pièce 61.
) Mars, cadastre de 1836, section A1 dite de Mars.
) AD 07, C 858, pièce 60.
) Le-Chambon-sur-Lignon, cadastre de 1832, section D4 dite de la Suchère.
) Lascombe (A.) : Répertoire général des hommages de l’évêque du Puy, op. cit..
) Mazet-Saint-Voy, cadastre de 1831, section D1 dite de l’Aulagnier Grand.
) Mazet-Saint-Voy, cadastre de 1831, section D3 dite de l’Aulagnier Grand.
) Mazet-Saint-Voy, cadastre de 1831, section E2 dite de Foumourette.
) Champclause, cadastre de 1826, section C1 dite de Ourbes.
) Mazet-Saint-Voy, cadastre de 1831, section E1 dite de Foumourette.
) Champclause, cadastre de 1826, section B4 dite de La Combe.