Par Fay-sur-Lignon

De Saint-Agrève à Montusclat, nous suggérons à la lecture du cadastre la présence d’un autre itinéraire que plusieurs éléments nous incitent à considérer comme médiéval. Il s’agit d’un chemin passant plus au sud par Fay-sur-Lignon.

Ce chemin quitte la route de Saint-Agrève à Montusclat que nous venons de décrire précédemment au niveau du hameau de Coin ( 2757 ). Un chemin encore cadastré, plus ancien que le parcellaire qui vient s’appuyer dessus, se dirige vers les Vastres en passant par Chambelève ( 2758 ). Sur les paroisses de Mars et des Vastres, il est encore dit en 1827, « chemin de Fay-le-Froid à Saint-Agrève » ( 2759 ). Il passe au sud de Champagne ( 2760 ), mais ne continue pas continuant par Les Vastres. Au niveau de Champagne, il oblique au contraire directement vers Fay-sur-Lignon à l’ouest, en passant par Le Monteil, La Chazottes et les Chatoux. De là, il monte très brusquement jusqu’au castrum de Fay par le versant nord du suc sur lequel il est implanté.

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Carte n°52

A Fay-sur-Lignon, la route venant de Saint-Agrève rejoint celle, bien identifiée au Moyen Age, conduisant de la vallée de l’Eyrieux au Puy par Les Vastres, Saint-Front et Lantriac. En direction de Fay, le voyageur qui ne suit pas cette route jusqu’au Puy peut rejoindre Montusclat et le chemin de Saint-Agrève en passant par le quartier de Lestra, au nom évocateur, situé au sud de Fay puis par La Poire, Le Rouge, Martrou et enfin Le Cros de Montroy, en descendant pour finir la vallée du ruisseau de Bernard qui conduit jusqu’à Montusclat. Si la lisibilité de cet axe est aujourd’hui perturbée en de nombreux endroits, ce n’est pas le cas sur le cadastre napoléonien sur lequel il est continu. De Fay à Montusclat, il est certain que ce chemin est antérieur à la route aménagée au XVIIIè siècle que la R.D. 26 emprunte encore pour partie et que l’on peut identifier au sortir de Fay par son tracé effectuant un grand détour vers le sud afin de traverser la vallée du Lignon sans forte pente.

Nous pouvons penser que ce chemin existe dès le Moyen Age et qu’il a même une importance non négligeable en parallèle avec la route passant plus au nord par Foumourette précédemment décrite. En effet, pour des raisons climatiques, il apparaît très risqué en hiver de se lancer de Saint-Agrève à Montusclat par Foumourette alors que la route, comme il est remarqué en 1760 ne traverse aucun village et n’offre donc que des possibilités de secours limitées ( 2761 ). Ainsi, à la fin du XVIIIè siècle, le curé de Tence, répondant au questionnaire des auteurs de l’Histoire Générale du Languedoc, explique que la route directe par Foumourette que les Etats font améliorer est souvent impraticable en plein hiver par mauvais temps à cause des congères et du blizzard local, la burle ( 2762 ). Par Fay, secteur au climat comparable, le relief, plus vallonné, offre toutefois des possibilités de refuge supplémentaires. Passant à proximité de plusieurs lieux habités, comme les Vastres ou Fay même, le voyageur est moins isolé qu’en traversant les immensités désertes du plateau de Champclause. Ces questions matérielles laissent penser que le cheminement par Fay ait pu être préféré en hiver pour des raisons climatiques. D’autre part, il apparaît que le développement de Fay aux trois derniers siècles du Moyen Age, qui en fait une localité importante du plateau du Mézenc, a dû drainer un nombre important de marchands et de muletiers, alors qu’à l’inverse, la route passant au nord qui ne traverse aucune bourgade n’offre pas de telles possibilités d’échanges. L’essor même du bourg de Fay est manifestement à associer à la présence de la route drainant les flux économiques dans ce secteur central du plateau.

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Carte n°54

Tout laisse donc penser que si le chemin par Foumourette existe déjà avant les travaux du XVIIIè siècle, contrairement à ce qui est généralement affirmé, il est plus difficile à parcourir et certainement moins important que celui transitant au sud par Fay-sur-Lignon qui bénéficie d’avantages non négligeables sur le premier.

Notes
2757.

) Mars, cadastre de 1836, section B1 dite de Montréal.

2758.

) Mars, cadastre de 1836, section A3 dite de Mars

2759.

) Les Vastres, cadastre de 1827, tableau d’assemblage.

2760.

) Les Vastres, cadastre de 1827, section B1 dite de Champagne.

2761.

) AD 07, C 1502.

2762.

) Réponse citée dans Mazon (A.) : Notice historique sur Saint-Agrève, op. cit., p. 171.