De Valence à Saint-Péray

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Carte n°63

Du Pont Perdu mentionné en 1395 ( 2842 ), la plaine alluviale rhodanienne s’étend vers l’est sur quatre à cinq kilomètres. La circulation y est facile, mais elle vient butter à l’ouest sur les falaises de la montagne de Crussol, obstacle qui n’est franchissable qu’en le contournant par le nord, au niveau du village de Saint-Péray. Du pont ou du bac, selon la période, jusqu’à Saint-Péray, aucun texte médiéval ne nous situe la route, mais les plans dressés en 1781 lors de la construction de la route actuelle permettent de retrouver le tracé du chemin précèdent ( 2843 ). Sans pouvoir affirmer que ce chemin est bien le tracé médiéval, nous pouvons le supposer fortement, le cadastre ne figurant aucun autre itinéraire parallèle à ce dernier et à la route actuelle. En outre, la courte distance ne permet pas le développement d’une multitude d’autres itinéraires. Le chemin dit au XVIIIè siècle « chemin ancien » quitte le Rhône loin du pont médiéval, au niveau du pont antique : un chemin parallèle au Rhône dont le cadastre garde encore la trace ( 2844 ) permettait alors de longer le fleuve pour arriver au droit du point de traversée, variable selon les époques. Dans la plaine de Saint-Péray, la route passe au sud du ruisseau de Mialan. Ce ruisseau forme dans la plaine un grand méandre vers le sud en perpétuel mouvement, qui a intercepté le tracé ancien au début du XVIIIè siècle, motivant en partie les travaux entrepris alors ( 2845 ). La route coupe ensuite le « sentier des Mulets », correspondant sur cette section à la voie antique d’Antonin le Pieux ( 2846 ). Ensuite, elle passe au quartier de la Maladière où le toponyme suggère l’emplacement de la maladrerie de Saint-Péray ( 2847 ). Plus loin, au pied de la colline de Crussol, elle coupe le chemin médiéval de la rive droite du Rhône et enfin, arrive face à Saint-Péray, mais en rive sud du Mialan alors que le village et la suite de l’itinéraire se trouvent en rive nord. Aucun pont n’est mentionné au Moyen Age, mais le caractère torrentiel du ruisseau qui est à sec le plus clair de l’année permet tout à fait d’envisager une traversée à gué ou par un passage aménagé d’une simple « planche ». Sur le plan du XVIIIè siècle, la traversée se fait à gué au quartier de la Beylesse, mais rien n’indique que le passage s’effectuait en ce point au Moyen Age. Le passage médiéval étant sans doute à chercher plus en amont vers le village de Saint-Péray au point de convergence de plusieurs chemins ( 2848 ), où fut construit un pont dont quelques vestiges sont encore visibles mais qui ne peut en aucun cas être attribué au Moyen Age ( 2849 ).

Le passage de la route principale se lit nettement dans la topographie villageoise de Saint-Péray, organisée autour d’une rue centrale linéaire ( 2850 ) qui débouche sur un sentier figurant sur le cadastre napoléonien et présentant une complète continuité jusqu’à Boffres où la route de Valence au Puy est mentionnée en 1336 ( 2851 ). Ce sentier qui semble être l’héritier de la route médiévale traverse le ruisseau de Merdarie à gué, au sortir de Saint-Péray ( 2852 ).

Notes
2842.

) AD 26, F 118/2, cahier 38, p. 43. En 1395, l’abbé de Saint-Ruf baille une terre située à Guilherand au quartier de Combe qui est confrontée par le chemin de « Guilherand au Pont Perdu ». Etant donné la situation du quartier de Combe entre Guilherand et le fleuve, nous pouvons penser qu’il s’agit des vestiges du pont sur le Rhône.

2843.

) AD 07, C 794.

2844.

) Saint-Péray, cadastre de 1811, section E2 dite des Granges.

2845.

) Saint-Péray, cadastre de 1811, section E1 dite des Granges.

2846.

) Cf. t. I, p. 373.

2847.

) Saint-Péray, cadastre de 1811, section C dite de Crussol.

2848.

) Saint-Péray, cadastre de 1811, section B1 dite de Ville.

2849.

) Des photographies du pont avant qu’il ne s’effondre, au début du XXè siècle, ont été publiées dans Saint-Péray, Cent ans d’histoire par l’image, op. cit., p. 66. Elles permettent de penser que ce pont n’est pas antérieur au XVIIè siècle ou plus encore au XVIIIè siècle [arc segmentaire très surbaissé approchant de la forme en anse de panier qui n’est employée dans les ponts qu’avec l’essor du corps des ingénieurs des ponts et chaussée au XVIIIè siècle. Cf. Mesqui (J.) : Le pont avant le temps des ingénieurs, op. cit., p. 188-189].

2850.

) Saint-Péray, cadastre de 1811, section de B1 développée dite de Ville.

2851.

) AD 26, 40H 368, f°133.

2852.

) Un pont est construit en remplacement du gué en 1782. Il semble bien que ce soit le premier ouvrage, aucun vestige de maçonnerie n’étant mentionné dans les études préalables à la construction alors que les ingénieurs prenaient le plus souvent soin de rechercher tout élément existant pouvant servir de base de fondation afin de diminuer les coûts de l’ouvrage à réaliser (AD 07, C 834).