a- De valence à Grozon

A partir de Valence, cette route suit le même axe que le chemin conduisant à Chalencon précédemment décrit et ce n’est qu’à partir de Saint-Péray qu’il s’individualise.

De Saint-Péray à Saint-Didier-de-Crussol

Ce chemin quitte la vallée du Rhône à Saint-Péray et se dirige vers Saint-Didier-de-Crussol où il confronte une terre en 1372 ( 2932 ). Sur les huit à dix kilomètres séparant Saint-Péray de Saint-Didier, aucun texte ne nous permet de préciser le tracé du chemin. Néanmoins, l’examen des contraintes de relief et des chemins encore cadastrés au début du XIXè siècle permet d’en proposer une restitution probable.

Au sortir de Saint-Péray, le chemin se dirige en direction du sud, vers Toulaud puis oblique à l’ouest au niveau de la colline de Vichouère, ainsi que l’indique le cadastre sur lequel figure encore un chemin vicinal ( 2933 ). Il ne fait pas de doute que ce chemin qui est désigné au cadastre napoléonien comme étant la « route de Saint-Péray à Vernoux » soit notre axe. En effet, il passe par la seule crête praticable serpentant entre les dépressions des ruisseaux de Mialan au sud et de Hongrie au nord, qui ne laissent pas d’autre passage en cette portion tourmentée du talus rhodanien. Continuant par Dusserre et le Poutet, le chemin figurant au cadastre arrive au hameau du Pin ( 2934 ). Sur cette section, le tracé ne semble pas avoir fait l’objet de travaux importants en vue d’améliorer sa topographie pour faciliter le passage des attelages : les pentes restent brutales mais il est vrai que la serre de Coudiol sur laquelle se trouve le chemin n’offre que peu de possibilités de modification. Seules quelques rectifications de virages, que l’on peut assez aisément identifier sur le cadastre, ont été entreprises ponctuellement. Ce n’est que la route actuelle qui a pu s’affranchir de cette ligne de crête mais au prix de gros travaux de terrassement.

A partir du hameau du Pin, le tracé de la route cadastrée s’écarte assez sensiblement de la ligne de relief constituée par le bord de la dépression du ruisseau de Mialan et de ses affluents de rive gauche. Un sentier subsistant au cadastre napoléonien suit au contraire la rupture de pente marquée par la serre de Hérisson jusqu’au hameau du Fringuet ( 2935 ) et correspond certainement au chemin médiéval, la route alors cadastrée étant semble-t-il ici le fruit de modifications engagées en 1740 ( 2936 ). Du Fringuet, la route se poursuit jusqu’au col de Leyrisse. A ce niveau, la route du XIXè siècle se sépare totalement du tracé médiéval et se dirige vers le sud. Au contraire, le chemin de Saint-Agrève continue en direction de Saint-Didier, où il est mentionné au XIVè siècle.

De Leyrisse à Saint-Didier, un chemin figure encore au cadastre ( 2937 ) passant par le quartier de Monépiat puis par Bleizac ; tout laisse penser qu’il s’agit bien de l’héritier du tracé médiéval. D’une part, il est tout à fait continu et s’inscrit parfaitement dans le parcellaire du secteur. D’autre part, la route franchit le Duzon sur un pont qui en 1294 porte le nom de pont de Tonsac, dans une transaction entre Roger d’Anduze, seigneur de Boffres, et Giraud Bastet, seigneur de La Bâtie-de-Crussol, visant à fixer la limite de ces deux mandements ( 2938 ). Le pont de Tonsac du XIIIè siècle ne figure plus sur aucune carte, mais la description de la limite allant du hameau de Noyaret au pont de Tonsac et ensuite au mas de Juventin localise le pont qui n’est autre que l’actuel pont de la Pine ( 2939 ), qui dans son état contemporain n’a rien de médiéval.

Au niveau de Saint-Didier-de-Crussol, le chemin passe au sud du chef-lieu de la paroisse, au mansus de Vialeta ( 2940 ) où il confronte une terre reconnue à la famille de Barjac en 1364 et en 1372 ( 2941 ). Au mas de Vialette, notre chemin croise celui conduisant à Boucieu vers le nord et à Vernoux ou à Chalencon vers le sud.

Depuis le pont de Tonsac et jusqu’au Col des Fans, le chemin traverse le mandement de La-Bâtie-de-Crussol dans l’étendue duquel se prélève un péage qui semble toutefois d’importance moyenne eu égard au très petit nombre de textes le concernant ( 2942 ). Toutefois, la route ne passe pas au château de La Bâtie-de-Crussol lui-même mais comme nous l’avons expliqué, chemine plus au sud. Ceci implique vraisemblablement la présence d’un poste de perception au sud du mandement, mais la documentation est muette à ce sujet. Faut-il le situer au pont de Tonsac qui d’une part marque l’entrée dans le mandement et d’autre part constitue un point de contrôle facile ? C’est possible mais rien ne l’assure.

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Carte n°76

Notes
2932.

) Fonds privé, chartrier de Barjac, non coté.

2933.

) Saint-Péray, cadastre de1811, section H dite de Vichouère.

2934.

) Saint-Péray, cadastre de1811, section A dite de Peyrier.

2935.

) Champis, cadastre de 1811, section C dite des Antouillés.

2936.

). Reynier (E.) : « Les voies de communication du plateau de Vernoux », art. cité., p. 120.

2937.

) Alboussière, cadastre de 1811, section B dite de Saint-Didier.

2938.

) AD 69, EP 122, pièce 7.

2939.

) Carte I.G.N. 1/25000è de Saint-Péray, n°3036 ouest.

2940.

) Nous ne pensons pas ici que le toponyme de Vialette soit assurément une déformation de via lata, voie large, marquant le passage d’une route comme cela a souvent été proposé, mais c’est une possibilité qu’il ne faut toutefois pas écarter systématiquement. Cf. t. I, p. 349-350.

2941.

) Fonds privé, chartrier de Barjac, non coté.

2942.

) Cf. t. I, annexe n°13.