Après Grozon, la route continue en direction de Lamastre où elle est mentionnée en 1456 ( 2949 ). La rivière de Grozon trace une vallée facile qui relie les deux localités, vallée que suit notre route en rive gauche de la rivière jusqu’au niveau de Saint-Barthelémy-le-Pin en passant par les Sagnoles et Gourdon ( 2950 ). Ensuite, au hameau du Mounier, la route s’éloigne de la rivière et s’élève sur le flanc de la vallée pour gagner Montchiroux ( 2951 ). Le tracé de la route actuelle qui reste localisée au bord de la rivière est postérieur au début du XIXè siècle. Sur la carte de Cassini, la route suit un tracé passant par les hameaux de Fayard, de la Garde puis la Chirouse, tracé que l’on retrouve sur le cadastre napoléonien ( 2952 ).
Cette route figurant sur les cadastres et la carte de Cassini est l’héritière directe du tracé tardimédiéval. Il est très net qu’elle est antérieure à bien des chemins qui viennent s’y greffer, la chronologie des carrefours étant éloquente à ce sujet. Ensuite, jamais l’emprise de la route ne vient se surimposer au parcellaire mais au contraire, elle s’y inscrit parfaitement et en tous points. Pour finir aucun chemin ou vestige de chemin pouvant correspondre à un autre itinéraire ne figure sur les cadastres et d’ailleurs, tout autre itinéraire aurait à affronter des pentes multiples pour arriver bien au-dessus de Lamastre en altitude, imposant une rude descente afin de gagner le bourg.
Notons ici encore la présence du toponyme La Garde immédiatement sur le bord du chemin, dans le secteur où se situe la limite des mandements de Lamastre et de Grozon à la fin du Moyen Age. Ne pourrait-il pas s’agir d’un poste de perception du péage de Lamastre à l’image de ce que nous avons proposé pour le péage de Boffres sur la route de Valence à Chalencon ?
L’importance de cet axe de Valence à Lamastre et au-delà vers le Puy n’est sans doute pas aussi grande que celle de la route décrite précédemment reliant Valence à Saint-Agrève par Chalencon, bien qu’à la fin du Moyen Age il s’agisse d’un itinere regio emprunté par des marchands se rendant de la vallée du Rhône aux foires de Lamastre ( 2953 ). La présence du péage de Grozon sur son parcours laisse penser que les circulations commerciales n’y sont pas négligeables, au moins à l’échelle de la région.
Rien ne nous permet de penser que cet axe ait connu un développement commercial ancien dans le Moyen Age. En effet, aucun site antique ni altimédiéval ne jalonne son parcours qui apparaît largement vide d’hommes avant les siècles carolingiens. Même lorsque la région commence à être peuplée, nous ne disposons d’aucun indice d’un éventuel développement de la route. Ce n’est alors sans doute qu’un chemin local reliant divers établissements humains que seul l’essor du commerce et des échanges aux trois ou quatre derniers siècles du Moyen Age tire de sa condition médiocre.
) Fonds privé, chartrier de Solignac, registre n°19, Me J. Floreti, notaire de Lamastre, f°15.
) Saint-Barthélemy-le-Pin, cadastre de 1834, section B3 dite du Village.
) Saint-Barthélemy-le-Pin, cadastre de 1834, section B1 dite du Village.
) Lamastre, cadastre de 1835, tableau d’assemblage.
) AD 07, 2E 2014, f°21v°.