b- De Dunière à Chalencon

De Dunière à Chalencon, deux axes parallèles se côtoient à la fin du Moyen Age, l’un passant par le fond de la vallée de l’Eyrieux, l’autre cheminant directement sur les crêtes qui la dominent.

Par Les Ollières

Le premier de ces deux axes, le mieux connu et documenté passe par Les Ollières, au fond de la vallée de l’Eyrieux. Peu après Dunière, le toponyme « Le Bateau » atteste de la présence d’un bac, ou au moins d’une barque, permettant de traverser l’Eyrieux en un point où elle n’est pas guéable la plupart de l’année ( 3004 ). En 1489, ce « port » est entre les mains de noble Antoine de Chambaud, seigneur de la Tourette ( 3005 ).

Au-delà de Bateau, la vallée est encore étroite sur quelques kilomètres jusqu’à la Pimpie, ne permettant pas à la route de suivre un tracé très différent de celui de l’actuelle R.D. 120 ( 3006 ). Elle ne s’élargit qu’avant d’arriver aux Ollières où la route est mentionnée en 1400 ( 3007 ). Sur cette section, le cadastre permet de proposer un cheminement différent de celui de la route actuelle qui descend progressivement en direction de l’Eyrieux depuis le hameau du Plot. La chronologie du carrefour permet d’affirmer que le premier axe continuait droit jusqu’au-dessus des Ollières mêmes, puis descendait très brutalement sur le village après avoir traversé le ruisseau de Praly ( 3008 ).

Au niveau des Ollières, la vallée de l’Eyrieux se resserre sensiblement et interdit le passage en rive gauche au niveau de l’eau, le versant rocheux s’apparentant le plus souvent à une falaise. Seul le chemin de fer parviendra à y frayer sa voie, imposant des travaux de terrassement considérables. En amont des Ollières, nous ne trouvons plus mentionné au fond de la vallée de l’Eyrieux que quelques chemins locaux dont la succession permet de remonter la vallée sans pour autant constituer un axe important. Notons toutefois au niveau du hameau de Geys la présence d’une planche, la « planche de Geys », mentionnée en 1328 et permettant de traverser l’Eyrieux avant la construction du pont de Moulinas qui n’apparaît pas avant l’époque moderne ( 3009 ).

La route principale est donc contrainte de quitter le fond de la vallée de l’Eyrieux pour s’élever en direction de Chalencon où elle est mentionnée en 1344 ( 3010 ). Des Ollières à Chalencon, l’étroit rivage de l’Eyrieux ne peut plus nous servir de guide pour restituer le tracé de la route, mais quelques actes nous renseignent sur celui-ci. En 1238, la route sert de limite à la troisième partie de la seigneurie de Montagut que Guigue de Roche achète à Guiraud Bastet ( 3011 ). Toutefois, les confronts de cette dernière ne sont pas donnés et nous ne possédons aucun procès-verbal de bornage entre la seigneurie de Montagut et celles de la Tourette et de Chalencon, ses voisines au nord-est. Il faut donc recourir à la carte de Cassini et au cadastre pour pouvoir proposer le tracé du chemin. Sur la carte de Cassini, la route quitte les Ollières en montant en lacets sur la serre de Chabannes ( 3012 ). Un sentier cadastré rectiligne suivant la ligne de crête semble antérieur à la route qui le coupe en de nombreux points et peut correspondre au premier tracé, les lacets résultant de l’aménagement de l’itinéraire pour le roulage au XVIIIè siècle ( 3013 ). Après Chabannes, la route du XVIIIè siècle continue vers les Vauds et effectue un long détour sur la serre de Peyremourier se séparant nettement du chemin rectiligne montant depuis les Ollières. Celui-ci continue pour sa part par le hameau de Conjols puis par celui des Buffes ( 3014 ) et arrive à Saint-Michel-de-Chabrillanoux non sans que son tracé n’ait, semble-t-il, été modifié au droit des Fontettes par la création d’un grand lacet alors qu’un chemin rectiligne est encore visible sur le cadastre de 1812 ( 3015 ).

Sur la carte de Cassini, après Saint-Michel-de-Chabrillanoux, le chemin continue vers Chalencon en passant à l’est de Saint-Maurice-de-Chalencon puis par le lieu-dit d’Alliandre à proximité duquel une terre le confronte en 1491 ( 3016 ). Le petit col d’Alliandre porte alors le nom de « Croix d’Alangre » où passe en 1491 le « chemin qui va de Chalencon vers le Pont Dolières » ( 3017 ). Aucun texte ne vient préciser le tracé médiéval de part et d’autre du hameau d’Alliandre où la route est bien attestée en 1491, mais le cadastre ne permet pas de supposer l’existence d’un autre axe que celui figurant sur la carte de Cassini. Le relief très marqué oppose assurément un obstacle majeur à l’établissement d’un autre chemin. Après Alliandre, la route tracée sur la carte de Cassini s’infléchit vers l’est pour rejoindre la nouvelle route de Vernoux à Chalencon construite au XVIIIè siècle. Elle ne correspond alors plus au tracé médiéval qui est plus probablement à chercher dans le sentier de crête encore cadastré au début du XIXè siècle reliant le hameau de Serre de Rias à la Grange de Prêle et continuant jusqu’à Chalencon même sans difficulté. Au Moyen Age, le chemin qui deviendra la route principale du XVIIIè siècle est alors appelé chemin d’Alliandre à Silhac ( 3018 ).

Notes
3004.

) Ibidem.

3005.

) AD 07, C 196, f°523.

3006.

) Les Ollières, cadastre de 1812, section D dite des Ollières.

3007.

) AD 07, 1E 179.

3008.

) Les Ollières-sur-Eyrieux, cadastre de 1812 section E dite du Pont.

3009.

) Régné (J.) : Regeste Vivarois, op. cit., n°456. Le lieu-dit de Geys et sa planche sont mal identifiés dans le Regeste Vivarois. Jean Régné suppose qu’ils se situent à Saint-Basile mais sans pouvoir l’affirmer et sans parvenir à les localiser. Il est pourtant clairement indiqué que la planche se situe dans le mandement de Gluiras et dans la paroisse Saint-Martin, ce qui est le cas du hameau de Geys, actuellement sur la commune de Gluiras, figurant encore sur la carte I.G.N. 1/ 25000è, n°2936 est Lamastre.

3010.

) AD 07, C 196, f°249.

3011.

) AD 07, 23J 3, f°22.

3012.

) Les Ollières-sur-Eyrieux, cadastre de 1812, section E dite du Pont.

3013.

) Reynier (E.) : « Les voies de communication du plateau de Vernoux », art. cité, p. 109-110.

3014.

) Saint-Michel-de-Chabrillanoux, cadastre de 1812, section F dite de Conjols.

3015.

) Saint-Michel-de-Chabrillanoux, cadastre de 1812 section H dite des Issarts.

3016.

) AD 07, C 196, f°552.

3017.

) Ibidem.

3018.

) AD 07, C 196, f°553.