a- De Chalencon au Cheylard

De Chalencon au pont de Chervil

Le chemin quitte Chalencon en direction du Cheylard, en descendant au fond de la vallée de l’Eyrieux. La carte de Cassini nous indique que la traversée de la rivière se faisait au XVIIIè siècle sur le pont dit de Chervil, comme à l’heure actuelle. De Chalencon à Chervil, seul peut être identifié un chemin proche du tracé de l’actuelle route passant par le hameau d’Antouly ( 3027 ). L’existence du pont de Chervil à la fin du Moyen Age est problématique puisqu’il n’est pas mentionné directement dans la documentation consultée. Néanmoins, plusieurs actes permettent de penser qu’il est déjà en place à partir du XIVè siècle au moins. Tout d’abord, en 1324, le « manse du Pont », au mandement de Gluiras est mentionné dans l’analyse d’un acte du chartrier de Vaussèche concernant des rentes à lever sur ledit manse ( 3028 ), le quartier de Charavil étant mentionné dès 1489 dans un hommage rendu par noble Guinot de la Marette au comte de Valentinois ( 3029 ). Rien dans ces actes ne permet d’associer manse du Pont et Chervil, mais un autre acte concernant le manse du Pont en 1326 est plus instructif ( 3030 ). En effet , le feudiste rédacteur de l’inventaire a porté en marge que cet acte pourrait être utile à « M. de Charvil au fait du procès des hommages ». Le mas du Pont en question en 1326 est donc au XVIIè siècle l’objet d’un litige avec M. de Chervil ce qui pourrait permettre de penser qu’il s’agit bien du mas du Pont de Chervil et non d’un autre. En 1328, il est question d’une grange du pont, dans le mandement de Gluiras ( 3031 ). Les vestiges du pont, dont les moellons de la base des piles présentent une taille en bossages, permettent eux aussi de lui attribuer une origine médiévale. En effet, ce type de taille de la pierre est globalement caractéristique des XIIIè et XIVè siècles, même s’il est encore résiduellement employé au XVè siècle par quelques pontonniers archaïsants comme à Vogüé. Au XVIè siècle, ce type de taille semble avoir totalement disparu. Nous avons donc là un faisceau d’indices laissant penser que le pont existe dès les années 1320 au moins. Mentionnons aussi l’existence du toponyme « le Bateau », situé 50 à 100 mètres en aval du pont ( 3032 ). Il peut correspondre à l’emplacement d’un éventuel bac permettant de traverser l’Eyrieux en l’absence de pont, soit avant la construction de celui-ci, mais plus sûrement lors des travaux de l’époque moderne encore bien visibles sur les maçonneries ( 3033 ).

Notes
3027.

) Chalencon, cadastre de 1824, tableau d’assemblage.

3028.

) Fonds privé, Inventaire du chartrier de Vaussèche dressé au XVIIIè siècle, n°358.

3029.

) AD 07, C 196, f°513.

3030.

) Ibidem, n°215.

3031.

) Chevalier (U.) : Regeste Dauphinois, n°23953.

3032.

) Gluiras, cadastre de 1812, section D1 dite de la Ribeyre.

3033.

) Bouvier (J.-C.) : « Trois ponts de l’Eyrieux », art. cité, p. 24 ; dans cette courte note très allusive et globalement mal documentée, l’auteur signale toutefois des travaux dans les années 1750.