b- De Privas à Mézilhac

Les deux routes venant de la vallée du Rhône, depuis Le Pouzin au nord et Baix au sud, se rejoignent donc à Privas et ne forment plus qu’un seul axe au-delà, continuant vers Mézilhac, au bord du plateau Vivaro-vellave.

De Privas au col de l’Escrinet

A la sortie de la ville, celui-ci continue en direction du col de l’Escrinet comme la route actuelle, mais ne suit toutefois pas du tout le même tracé sur le flanc sud du mont Charray. En 1777, des travaux sont entrepris de Privas à Aubenas pour adapter le tracé aux nouvelles exigences techniques, issues de l’essor du roulage et à cette occasion, outre un volumineux mémoire descriptif ( 3196 ), sont dressés plusieurs plans permettant de localiser avec précision la voie ancienne et les modifications ponctuelles à effectuer ( 3197 ).

Après Privas, la « grande route » figurant sur le cadastre doit être écartée, puisque c’est le fruit des travaux des années 1770, au profit d’un sentier aujourd’hui interrompu en de nombreux endroits mais continu sur le cadastre napoléonien. Il suit la ligne de crête formée à l’ouest de la ville par les contreforts du mont Toulon, sans pour autant monter au sommet de ce dernier qui est contourné par le nord, passant par Les Sorbes et la Leyssone ( 3198 ), à Veyras. Ensuite, la route passe au lieu de Changier ( 3199 ) et gagne le pied du mont Charray au niveau de Vaumalle, la différence entre le tracé du XVIIIè siècle et l’itinéraire précédent étant ici très net sur le cadastre ( 3200 ). A la différence de la route actuelle, le chemin cartographié au XVIIIè siècle contourne cette montagne par le nord en passant au hameau de Lay ( 3201 ). De Lay au col de l’Escrinet, le tracé issu des travaux du XVIIIè siècle figure nettement sur le cadastre sous le nom de « Grande route de Privas à Aubenas » ( 3202 ), alors que le chemin précédent est dit « ancienne route de Privas à Aubenas » ( 3203 ) ou « chemin de Privas à Grange Madame » ( 3204 ). C’est sur cette section que les travaux les plus importants sont à effectuer afin de rectifier la pente de la route, principalement au niveau du hameau de Lay. L’ancienne route passe par les hameaux de Grange-Madame, de Chabanne et de la Paix ( 3205 ) pour enfin arriver au col de l’Escrinet ( 3206 ). Peut-on considérer que de Privas au col de l’Escrinet, la route dite « route vieille » en 1777 corresponde au tracé tardimédiéval ? Plusieurs éléments permettent de le penser. Tout d’abord, c’est encore le seul axe figurant sur les cadastres napoléoniens des communes traversées et aucun autre fragment de chemin ne peut correspondre à une route reliant Privas au col de l’Escrinet. Ensuite, la route vieille du XVIIIè siècle s’inscrit très bien dans le parcellaire en tout point de son tracé ce qui est le signe d’une ancienneté relative en 1777. De ce point de vue, il est d’ailleurs aisé de faire la différence entre la route vieille et la route neuve de 1777 qui se superpose au parcellaire. De plus, la route vieille sert de limite de paroisses à plusieurs reprises. Tout d’abord, à la sortie de Privas, elle sépare les paroisses de Saint-Priest et de Saint-Pierre de Veyras puis de Saint-Priest et de Saint-Julien de Pourchères. Plus loin, peu avant le col de l’Escrinet, elle sert de limite aux paroisses de Saint-Priest et de Saint-Martin de Gourdon.

Pour finir, signalons qu’un péage se lève dans l’étendue du mandement de Privas au moins depuis 1281 ( 3207 ). Il est possible de localiser au moins deux postes de perception de ce dernier situés sur la route du Pouzin au Puy. Le premier poste de perception peut être localisé grâce à un hommage de 1466. A cette date, Aymar de Poitiers hommage sa seigneurie de Privas au Roi, mentionnant explicitement parmi les droits perçus « le peage et droit de peage de ce sur toutes marchandises passant trespassans lesdits mandements au long ou travers ou en aucune part d’iceux mandements et a yceluy lever par les comis au lieu de Privas et mas de Coux » ( 3208 ). Le mas de Coux en question n’est autre que l’actuel village de Coux où la route de la vallée de l’Ouvèze doit traverser la rivière avant de gagner Privas par la plaine du Lac en rive droite, ou continuer par un étroit goulet et une forte pente en rive gauche. Dans les deux cas cela permet une perception aisée des droits non loin de la limite des mandements de Privas et de Saint-Alban.

Notes
3196.

) AD 07, C 773.

3197.

) AD 07, C 773 bis.

3198.

) Veyras, cadastre de 1810 section B dite de Veyras.

3199.

) Veyras, cadastre de 1810 section C dite de Chiolan.

3200.

) Veyras, cadastre de 1810 section A2 dite de Flachières.

3201.

) Pourchères, cadastre de 1812, section D dite de Lay.

3202.

) Pourchères, cadastre 1812, section C dite de Grateloube.

3203.

) Pourchères, cadastre de 1812, tableau d’assemblage.

3204.

) Pourchères, cadastre de 1812, section C dite de Grateloube.

3205.

) Gourdon, cadastre de 1812, section I dite de Chabanne.

3206.

) Saint-Priest, cadastre de 1812, section G dite de Tardieu.

3207.

) Cf. t. I, annexe n°13.

3208.

) AD 07, E dépôt 75 (AM de Privas), AA 3, 4 et 5.