F- De Saint-Alban aux Ollières et au delà à Chalencon, cartes n°110 et 111

Cette route reliant le plateau de Vernoux à la vallée de l’Ouvèze en traversant les Basses-Boutières n’apparaît quelques reprises dans la documentation consultée. Tout d’abord, en 1396, une vigne reconnue à noble Guilhem de Albono, située au manse de Chaliac, confronte l’itinere quo itur versus pontem Oleyrias ( 3312 ), alors que la même année, une autre vigne sise à Champeyrache confronte l’itinere quo itur versus Pozini ( 3313 ). En 1487, Jean Bochet, de Saint-Cierge-la-Serre, reçoit en dot d’Antoinette Puaux, de Saint-Pierreville, une vigne située à Saint-Alban, au lieu de Champeyrache qui confronte cum itinere per quod itur de Pousino apud Las Oleyras et a parte pedis cum itinere per quod itur de Sancto Albano apud Las Oleyras ( 3314 ).

Le départ du chemin dans la vallée de l’Ouvèze est donc facile à identifier. Une branche se sépare de la route du Pouzin à Privas au niveau de Fonts-du-Pouzin, l’autre venant de Saint-Alban. Ces deux routes se rejoignent selon toute vraisemblance au niveau du hameau de la Garde pour continuer sur la serre des Blaches jusqu’à Saint-Cierge-la-Serre où se greffe un chemin monté depuis La Voulte qui sert de confront à une terre en 1379 ( 3315 ).

Ensuite, entre Saint-Cierge-la-Serre et les Ollières, le chemin doit traverser la rivière de Boyon. Il est vraisemblable que le franchissement se fasse par le Pont-de-Boyon où une planche est attestée en 1332 ( 3316 ). Le pont n’est toutefois pas mentionné dans la documentation conservée. Là encore, remarquons la configuration observée à plusieurs reprises en d’autres lieux où l’hydronyme, le Boyon, devient le toponyme du point de franchissement de la rivière.

Entre Saint-Cierge-la-Serre et le Pont-de-Boyon le relief, très rude et cloisonné par plusieurs serres aiguës, permet de proposer un itinéraire. Il suit la ligne de crête sur laquelle se trouve Saint-Cierge, passe par le sud de la serre Cougnol, puis par le Goulet de la Verrière, et enfin la serre de Gruas avant de descendre en ligne droite sur le Pont-de-Boyon par la serre de l’Eglise et le hameau de Bon Appétit.

Une fois franchi le Boyon, subsiste encore un sentier reliant les Ollières, village distant de quelques kilomètres seulement. Celui-ci part dans l’axe du pont et passe par Alisse, la Chièze, le Saut pour aboutir face au pont des Ollières attesté sur l’Eyrieux depuis 1238 au moins.

L’importance de cet axe à la fin du Moyen Age apparaît très secondaire. Mal renseigné dans une région où nous possédons pourtant plusieurs terriers, tout porte à croire qu’il ne s’agit que d’une route d’intérêt local. Pourquoi la désigner alors par des termes si lointains l’un de l’autre que les Ollières et Saint-Alban qui ne semblent aucunement en relation commerciale directe à la fin du Moyen Age ? Pourquoi aussi ce choix de Saint-Alban, modeste village, et non simplement du Rhône, voisin, comme cela se rencontre le plus souvent pour d’autres axes ? Ces questions renvoient manifestement au statut passé de l’itinéraire. En effet, remarquons que Saint-Alban comme Chalencon sont deux centres vicariaux à la période carolingienne ( 3317 ). Il est tentant de proposer, sans pouvoir toutefois apporter d’arguments probants faute de textes du haut Moyen Age, que la route de Saint-Alban aux Ollières et à Chalencon est le vestige d’un axe altimédiéval reliant les deux centres de pouvoir public. Si cette hypothèse pouvait être confirmée, nous aurions ici une situation assez largement similaire à celle rencontrée avec la route d’Annonay à Pailharès par Satillieu que nous avons déjà présentée.

Notes
3312.

) AD 07, 2E 1565, f°105.

3313.

) Ibidem, f°107v°.

3314.

) AD 07, 2E 10913, f°20.

3315.

) AD 69, EP 125, n°10.

3316.

) AD 07, C 196.

3317.

) Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitats en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., vol. 1, p. 101 et 109.