H- Du Cheylard à Mézilhac, cartes n°114 et 115

Bien qu’attesté par aucun texte médiéval, nous proposons l’existence d’un dernier chemin traversant les Boutières, qui ne semble toutefois pas pouvoir prétendre au statut d’axe de liaison important à l’échelle de la région. Il relie le Cheylard, situé au fond de la vallée de l’Eyrieux, à Mézilhac, sur le rebord du plateau en suivant la vallée de la Dorne, par Mariac et Dornas puis enfin, Sardige. C’est surtout la présence de plusieurs ponts qui permet de restituer ce tracé globalement pour l’essentiel identique à celui de l’actuelle R.D. 578.

Il se sépare de la route conduisant à Saint-Agrève immédiatement à la sortie du Cheylard pour s’engager dans la vallée de la Dorne en rive gauche de la rivière, beaucoup plus facilement praticable que la rive droite plus abrupte. Quelques modifications d’itinéraires sont toutefois visibles sur les cadastres napoléoniens du Cheylard et d’Accons ( 3333 ) au niveau des quartiers de Signerose et de Brolles où l’axe routier du XIXè siècle semble décalé de quelques dizaines de mètres par rapport à un sentier pouvant correspondre au premier itinéraire. Toujours en rive gauche de la Dorne, la route gagne le village de Mariac, peu après lequel elle traverse la rivière au niveau du pont de Fromentières pour continuer en rive droite. Ce pont, qui à l’heure actuelle ne présente aucun caractère d’ancienneté, est attesté dès 1392 ( 3334 ).

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Carte n°114

Au-delà, le chemin continue vers Dornas en longeant la Dorne à l’emplacement de la route actuelle : en effet, le relief très encaissé et la très forte pente du versant élevé ne lui permettent pas de s’écarter du bord de la rivière. A Dornas, la route traverse le ruisseau de Grand Dornas par un pont existant dès 1328 ( 3335 ).

Ensuite, la route gagne le hameau de Sardige encore situé au fond de la vallée ce qui l’amène au pied du col de Mézilhac. Il lui reste alors à gravir un versant abrupt en passant par Chabal et Taférond. Ce chemin permet à la route de s’élever de plus de quatre cents mètres en deux à trois kilomètres seulement, soit une pente de l’ordre de 16 % en moyenne, avec des tronçons dépassant les 22 % ! Il est évident que par un tel axe aucun roulage n’est envisageable, ce qui a motivé la construction de la route actuelle à la fin du XVIIIè siècle. Celle-ci apparaît comme « nouvelle route » sur le cadastre napoléonien, et ne présente plus qu’une pente moyenne de l’ordre de 5 % en contrepartie d’un développement de plus de huit kilomètres.

Nous l’avons déjà évoqué, cette route n’est aucunement d’importance première à la fin du Moyen Age et elle a avant tout un rôle local de desserte du Cheylard qui est un bourg central des Hautes-Boutières. Elle mérite toutefois d’être signalée car elle constitue quand même un axe adjacent à la grande route allant du Rhône au Puy par Mézilhac qui est un axe majeur de la région.

Notes
3333.

) Le Cheylard, cadastre de 1839, Accons, cadastre de 1839, tableaux d’assemblage.

3334.

) AD 07, 2E 10926, f°51v°.

3335.

) AD 07, C 196 , f°94v°.