A- Du Rhône au Puy par Viviers, Aubenas et le Monastier, cartes n°122 à 135

De Podio usque Avenionem. Oxitana : Moustier III, Loubeage III, Monpesat IIII, Aubenas IIII, Provintia, Villenoue III, Sermonta II, Boint Saint Audooly II, Bayeus IIII, Avignon V. Somma XXIX, De Brugis CCII  ( ³³⁵⁵ ). Ainsi figure la route de Viviers au Puy passant par Aubenas dans l’Itinerarium de Brugis, le plus célèbre des routiers compilé au XVè siècle ( ³³⁵⁶ ). C’est le seul itinéraire vivarois qui y soit signalé, reliant le centre de la chrétienté d’alors, Avignon, à l’un des pôles de pèlerinage majeur de la fin du Moyen Age.

Bien évidemment, dans un guide aussi général décrivant tout autant les routes conduisant de Bruges à Jérusalem ou de Bruges au Groenland que celle de l’ensemble de l’Europe, la description de l’itinéraire du Puy à Avignon est assez succincte et même lacunaire sur un point qui confère à la faute : la ville de Viviers ne figure pas dans l’énumération des points de passage. C’est pourtant une cité épiscopale, ce qui constitue un élément de repère solide, et en outre, la route y quitte la vallée du Rhône pour s’enfoncer au coeur du Vivarais et gagner le Velay : c’est donc un carrefour majeur que le voyageur ne doit pas ignorer, sous peine de s’égarer. Plusieurs auteurs ont voulu y voir la preuve que la cité de Viviers était ignorée par la route qui serait passée plus à l’ouest, par Valvignères, quittant la vallée du Rhône à Saint-Montan ( ³³⁵⁷ ). Certes, une route relie bien Saint-Thomé à Saint-Montan pouvant s’apparenter à l’axe suivi par l’itinéraire, mais ce n’est semble-t-il qu’un tracé détourné qui ne peut correspondre à celui emprunté par l’essentiel du trafic. L’absence de Viviers est donc sans doute à expliquer par une imprécision de l’itinéraire qui n’est qu’une compilation, réalisée au XVè siècle, de plusieurs routiers du XIVè siècle. Notons d’ailleurs que le guide indique au voyageur qu’il entre en Provence (Provintia) entre Aubenas et Villeneuve-de-Berg, ce qui bien évidement n’est absolument pas le cas. L’erreur manifeste est tout simplement due au fait que le terrain et la végétation changent ici, avec le passage des pentes granitiques, schisteuses ou volcaniques couvertes de maquis ou de châtaigniers et de pins à un paysage très méditerranéen de garrigue sur substrat calcaire. Nous considérerons donc que la route du Rhône au Puy par Aubenas que nous allons décrire, part de la cité de Viviers, et non du bourg de Saint-Montan, en ne demandant pas à l’Itinéraire brugeois une précision que ce type de source n’est pas en mesure d’apporter.