a- De Viviers à Alba

Il est certain que la route quitte donc la vallée du Rhône à Viviers. En 1370, il est question à Viviers de la route qua itur a loco Albenacii ( 3358 ). Celle-ci quitte Viviers par le nord et suit jusqu’au niveau de la vallée de l’Escoutay le même tracé que la route rhodanienne.

Une fois l’Escoutay traversée, la route continue en direction de Saint-Thomé où elle est mentionnée en 1350 ( 3359 ), non loin d’une maladrerie ( 3360 ). Au niveau de Saint-Thomé, la route figure encore au cadastre sous le nom de « Grande route de Viviers au Puy ». Néanmoins, diverses rectifications de tracé sont identifiables au niveau du hameau de Roche, attribuables aux travaux dont on a conservé le devis daté de 1753 ( 3361 ). Le tracé ancien, qui figure sur le cadastre sous le nom de « Chemin de Viviers au Puy », passe plus près de la rivière ( 3362 ).

Après Saint-Thomé, il faut attendre Villeneuve-de-Berg pour que la route figure à nouveau dans un document médiéval. Néanmoins, tout laisse à penser qu’elle suit la vallée de l’Escoutay qui lui offre un cheminement rapide et direct par la plaine d’Alba. Elle passe donc très probablement par la Mure et les Peyrousses, longeant la rivière sans trop s’en écarter. Sur cette section, la « Grande route de Viviers au Puy » figurant au cadastre s’inscrit très bien dans le parcellaire, ce qui permet de proposer qu’elle est l’héritière directe du tracé médiéval ( 3363 ). Au niveau d’Alba, la route figurant sur la carte de Cassini ne traverse pas l’Escoutay et ne passe donc pas au pied des castra de la Roche et d’Alba mais suit le même tracé que la route antique qui reste en rive gauche de l’Escoutay, à proximité de la cité gallo-romaine par les lieux-dits de Saint-Martin, de Moulinas et du Buis-d’Aps ( 3364 ). Dans sa traversée de la plaine d’Alba, au passage sur l’emplacement de la ville antique, elle est dite en 1520 « chemin de Viviers à Villeneuve » ( 3365 ).

Néanmoins, l’implantation en rive droite de l’Escoutay de deux castra, Alba et la Roche d’Aps, a entraîné la création d’un itinéraire secondaire traversant l’Escoutay. Ainsi, en 1359, la via publica qua itur de Alpibus versus Villamnovam de Berco, confronte une terre située quartier de Pratis reconnue en faveur de Giraud Adhémar, baron d’Alba, par noble Hugues Giroardi, de Villeneuve-de-Berg ( 3366 ) et nous savons qu’en 1520, cet axe se rattache à celui venant directement de Viviers immédiatement en rive gauche de l’Escoutay ( 3367 ). La route passant par Alba doit traverser à deux reprises l’Escoutay, sans que l’on ne trouve mention d’aucun pont au Moyen Age, mais le caractère très torrentueux de la rivière qui est totalement à sec la majeure partie de l’année ne s’oppose aucunement à la présence d’un simple gué. Le toponyme des « Planchettes » situé à proximité du point de traversée de la rivière laisse néanmoins penser qu’un aménagement sommaire a pu exister ( 3368 ). En outre, un hôpital est mentionné à l’extérieur des murs du village d’Alba, probablement le long de la route, non loin de l’église, à partir de 1352 ( 3369 ).

Il est probable qu’un péage ait été prélevé dans l’étendue du mandement d’Alba. En 1393, le seigneur d’Alba, afferme pour trois ans les revenus qu’il avait aux lieux, territoires et mandements d’Alba, de Saint-Pons, de La Roche d’Aps et d’Allier. Parmi ces biens figurent les droits du péage ( 3370 ). Bien que cela ne soit pas explicite, il est très probable que ce péage soit associé au château d’Alba, ou éventuellement à celui de la Roche d’Aps. En effet, le château de Saint-Pons n’étant pas en position pour percevoir un tel droit, celui d’Allier relevant du comte de Valentinois et les Adhémar n’y ayant tout au plus que quelques droits, ce droit ne peut s’appliquer qu’au château d’Alba dont ils sont pleinement seigneurs châtelains.

Notes
3358.

) AD 07, 2E 32, f°31.

3359.

) AD 07, 2E 7630, f°27.

3360.

) AD 07, 2E 7629, f°4.

3361.

) AD 07, C 844, n°68.

3362.

) Saint-Thomé, cadastre de 1811, section A dite de Chasser.

3363.

) Aps, cadastre de 1811, section B dite des Bois.

3364.

) Aps, section A dite des Champs.

3365.

) AD 07, 2E 2195 bis, f° 697.

3366.

) Acte notarié extrait des registres de Maître Chabrier, notaire à Grignan instrumentant pour la famille Adhémar de Grignan, seigneurs d’Aps. Registre coté « Aps » aujourd’hui perdu, mais publié partiellement par Filhet : « Aps féodal et ses dépendances », art. cité. p. 332.

3367.

) AD 07, 2E 2195 bis, f° 697.

3368.

) Aps, section A dite des Champs.

3369.

) AD 07, 2E 2195 bis.

3370.

) Acte notarié extrait des registres de Maître Chabrier, notaire à Grignan instrumentant pour la famille Adhémar de Grignan, seigneurs d’Aps. Registre coté « Semper » aujourd’hui perdu, mais publié partiellement par Filhet : « Aps féodal et ses dépendances », art. cité. p. 354.