Au niveau d’Alba se greffe sur la route venue de Viviers par la vallée de l’Escoutay un axe arrivant du Teil en suivant la vallée du Frayol qui est dit en 1520 « chemin de Saint-Jean-le-Centenier à Montélimar » ( 3371 ). Sur la majeure partie de son tracé, seule la carte de Cassini nous permet de le situer. A la sortie du Teil, le chemin emprunte d’abord la rive gauche de la vallée du Frayol en passant par Mélas. Du Teil à Mélas, le tracé actuel est l’héritier de la route du XVIIIè siècle, établi dans les années 1755 afin « d’en adoucir les montées et descentes qui sont comme inaccessibles » ( 3372 ). Ce nouvel axe figure au cadastre sous le nom de « Grande route du Teil à Villeneuve » : néanmoins, le tracé ancien existe encore au début du XIXè siècle, dit « Ancienne grande route » ( 3373 ). Dans la traversée du hameau de Mélas, la route actuelle passe au sud de l’église du haut Moyen Age et de son baptistère ayant détruit par là même le village ecclésial aggloméré autour du lieu de culte et certainement les vestiges de l’abbaye de moniales du VIIè siècle, alors que le tracé ancien s’inscrit très bien dans le parcellaire, longeant le cimetière paroissial au nord.
Au-delà de Mélas où elle est mentionnée en 1521 ( 3374 ), jusqu’au hameau du Pontet, la route continue en rive droite. Sur le cadastre napoléonien, elle est dite « Grande route d’Aubenas au Teil », sa très bonne inscription dans le parcellaire attestant de son ancienneté relative ( 3375 ). Elle traverse ensuite le Frayol au lieu-dit du Pontet pour poursuivre en rive droite, le versant gauche devenant alors très abrupt. Nous n’avons trouvé aucun élément attestant la présence d’un pont en ce point au Moyen Age. Au-delà, le chemin continue dans la vallée du Frayol jusqu’à la plaine d’Alba. La route médiévale, tout comme l’axe figurant sur la carte de Cassini, emprunte le même tracé que la voie d’Antonin le Pieux qui a été étudiée en détail ( 3376 ). Une borne milliaire en jalonne ponctuellement le parcours au quartier de Combes, peu après le Pontet ( 3377 ), et quatre petits ponceaux d’origine probablement antique en précisent le tracé dans le même secteur ( 3378 ). Le fait que la route moderne et contemporaine suive strictement le tracé antique ainsi jalonné implique que ce dernier ne s’est jamais perdu et qu’il a continué à être utilisé tout au long du Moyen Age. Au débouché dans la plaine d’Alba, la route sert en 1384 de confront à une terre reconnue au seigneur d’Aubignas, située au manse de Rabayas ( 3379 ), au bord du ruisseau de Marcherii ( 3380 ). Non loin de Rabayas, au lieu de Vergier, elle confronte en 1521 une terre reconnue au seigneur d’Alba ( 3381 ). Au débouché dans la plaine d’Alba, alors que la route quitte le mandement d’Aubignas pour entrer dans celui d’Alba, le toponyme de La Garde, associé précisément à une seule et unique maison mitoyenne avec la route, rappelle éventuellement la perception du péage d’Alba ( 3382 ). Une fois dans la plaine d’Alba, la route antique se dirigeait vers la cité, située à un ou deux kilomètres au sud, détour qui n’a plus de raison d’être au Moyen Age après l’abandon total de celle-ci à la fin du Vè siècle ou au début du VIè siècle ( 3383 ). Le chemin de la fin du Moyen Age suit donc très probablement un tracé beaucoup plus droit passant par le nord de la plaine entre le quartier de Fontgiraud et celui du Pont où il traverse le ruisseau de Téoulemale. Rien n’indique toutefois qu’ait alors existé un pont à cet endroit. Bien qu’évitant la ville antique par le nord, ce chemin traverse la plaine d’Alba d’est en ouest sur un axe parallèle au decumanus urbain ( 3384 ).
) AD 07, 2E 2195 bis, f° 697.
) AD 07, C 844, n°1.
) Le Teil, cadastre de 1811, section C dite de Mélas.
) AD 07, 2E 2195 bis, f°680.
) Le Teil, cadastre 1811, section G1 dite de la Sablière.
) Rébuffat (R.) et Napoli (J.) : Visite à la voie romaine des Helviens, op. cit.. Malgré un titre qui évoque plus un guide touristique, cet ouvrage fait très précisément le point sur les connaissances actuelles concernant la voie d’Antonin le Pieux, appelée Voie des Helviens par l’érudition locale.
) La borne milliaire dite des Combes, située à IIII milles de la cité d’Alba ainsi que les 17 autres bornes de cette cité ont fait l’objet d’une étude très détaillée. Cf. Napoli (J.) et Rébuffat (R.) : « Les milliaires ardéchois d’Antonin le Pieux », art. cité.
) Blanc (A.) : « Les ponts gallo-romains et très anciens de l’Ardèche et de la Drôme », art. Cité, p. 79.
) Aubignas, cadastre de 1811, section B dite de Rabayas.
) Acte notarié extrait des registres de Maître Chabrier, notaire à Grignan instrumentant pour la famille Adhémar de Grignan, seigneurs d’Aps. Registre coté « Semper » aujourd’hui perdu, mais publié partiellement par Filhet : « Aps féodal et ses dépendances », art. cité. p. 408.
) AD 07, 2E 2195 bis, f°680.
) Aubignas, cadastre de 1811, section C dite d’Aubignas.
) Sur la cité d’Alba, cf. t. I, p. 473-474.
) Aps, cadastre de 1811, section A dite des Champs.