d- De Villeneuve-de-Berg à Aubenas par Lavilledieu et Ville

A la fin du Moyen Age et jusqu’au XIXè siècle, il ne fait aucun doute que la route principale de Villeneuve à Aubenas est l’axe que nous venons de décrire, passant par Mirabel, mais il faut toutefois suggérer l’existence d’une autre route passant par Lavilledieu. Cette seconde route suit un tracé proche de la route actuelle passant par la Côte de Ville construite dans les années 1760 dont le devis daté de 1761 mentionne à de très nombreuses reprises le « chemin vieux » ou « l’ancien chemin ». Il permet ainsi de suivre précisément les changements du tracé ( 3426 ). La route médiévale se sépare de la route de Mirabel à la sortie du vallon de Chauvel, puis se dirige vers Lavilledieu par le quartier de Bourdaric, où elle franchit le ruisseau du même nom ( 3427 ). Après Lavilledieu, elle traverse le plateau de Gras par un tracé parallèle à l’actuelle R.N. 102 ? mais décalé d’une cinquantaine de mètres au sud ( 3428 ), puis gagne la Côte de Ville. En 1332, une terre située au terroir de Rieu Chalvet confronte l’itinere publico antiquo d’Aubenas à Villeneuve ( 3429 ). A l’heure actuelle, le territoire de Rieu Chalvet ne figure plus sur le cadastre ni dans les matrices, pourtant plus complètes d’un point de vue toponymique. Le fait qu’il soit traversé par la route de Villeneuve permet toutefois d’affirmer qu’il se situe au quartier de Ville (plus au nord, la route ne pourrait pas passer, se heurtant aux falaises de Jastres et plus au sud, le terroir de Rieu Chalvet ne se trouverait plus sur le mandement d’Aubenas, mais sur celui de Vogüé). Le territoire de Rieu Chalvet pourrait donc s’apparenter à celui de Combe Chaude par corruption de Chalvet. Certes, Chalvet évoque plus les défrichements que la chaleur, mais sur le cadastre de 1834, la Combe Chaude est parcourue par l’ancien chemin d’Aubenas à Lavilledieu qui pourrait être ainsi l’héritier du tracé médiéval d’Aubenas à Villeneuve ( 3430 ). En outre, il est à noter que le quartier de Ville est un point où l’Ardèche semble avoir été traversée sans trop de difficultés, puisque la commune d’Aubenas s’étend sur les deux rives, ce qui n’est jamais le cas ailleurs. Pourquoi cet itinéraire est-il dit « ancien » en 1332 ? Sans doute que l’ouverture du pont d’Aubenas dans les dernières décennies du XIIIè siècle a entraîné sa désaffection puisqu’il impose un passage à gué, aucun pont ne traversant l’Ardèche ici avant le XIXè siècle. Même en 1761 lorsqu’il est question de modifier cet axe afin d’en faire (ou d’en refaire) le chemin principal de Villeneuve-de-Berg à Aubenas, aucune proposition de pont n’apparaît, mais un simple bateau doit y être mis en place ( 3431 ). Cette désaffection est entérinée lorsqu’en 1384 une terre située au quartier de Saint-Martin ne confronte plus la vieille route de Villeneuve comme en 1332 mais simplement le chemin d’Aubenas à Ville ( 3432 ).

Notes
3426.

) AD 07, C 844, n°29.

3427.

) Lavilledieu, cadastre de 1813, section A dite de Lavilledieu.

3428.

) Lavilledieu, cadastre de 1813, section B2 dite du Grand Bois.

3429.

) AD 07, 2E 38, f°61v°.

3430.

) Aubenas, cadastre de 1834, section C dite de Ville.

3431.

) AD 07, C 844E, n°30.

3432.

) AD 07, 2E 35, f°121.