c- De Freycenet au col de l’Escrinet

Nous l’avons dit, à partir de Lichemaille, la route se sépare en deux directions : celle de Privas, que nous venons de décrire, et celle du col de l’Escrinet. Cette route est mentionnée en 1429 comme l’itinere quo itur de Villanova apud Malpas ( 3532 ), route que l’on retrouve désignée à Freycenet en 1459 comme l’itinere de Freycenet au Malpas ( 3533 ). Du carrefour de Lichemaille à Freycenet, distants de quelques centaines de mètres seulement, un chemin subsiste encore, cadastré en 1811 et s’inscrivant bien dans le parcellaire.

Au-delà de Freycenet, la continuité de l’itinéraire ne pose pas de problème puisqu’il est encore nettement cadastré et qu’en outre, en 1429, des terres et des prés situés al Cotalli Soteyra confrontent cum itinere publico quo itur de Freyceneto apud Montargues a capite et cum itinere regis a pede ( 3534 ). Le Cotalli Soteyra n’est autre que le Coulet de la Soulière actuel que la route rejoint en passant par le hameau de la Prade, en dessous du quartier de Montargues. Ensuite, au-delà du Coulet de la Soulière, la route est encore mentionnée en 1459 au lieu-dit de Masaulan ( 3535 ). Le sommet de la crête de Blandine culminant à 1000 mètres d’altitude l’oblige toutefois à marquer un net détour en direction du sud afin de le contourner, avant de revenir sur le col de l’Escrinet.

Au col, la route passe immédiatement sous les murs du château de l’Escrinet, poste de perception du péage du mandement de Privas ( 3536 ). Au-delà du col, la route continue en direction du Malpas et de Mézilhac en passant par Gourdon et en suivant l’itinéraire du Pouzin au Puy que nous avons déjà décrit.

Cette route, très bien identifiée au XVè siècle, que ce soit en direction de Privas ou du col de l’Escrinet et au-delà vers le Velay, prend en 1429 le qualificatif de « royale », au moins pour la branche se dirigeant vers le col de l’Escrinet. Néanmoins, peut-on en déduire que c’est un axe majeur à l’échelle de la région ? Cela semble assez difficile dans la mesure où ce n’est qu’un axe de liaison entre deux grandes routes, celle du Pouzin au Puy au nord, et celle de Viviers au Puy au sud, et qu’elle ne dessert aucun lieu important en Vivarais. Aussi faut-il penser que ce qualificatif est ici la conséquence du statut de Villeneuve-de-Berg d’où vient la route. C’est en effet le pôle principal de l’implantation royale en Vivarais depuis le paréage de 1284 entre Philippe le Bel et l’abbé de Mazan, fondant la ville dont le roi est coseigneur et où est implantée la cour de justice royale du Vivarais.

Notes
3532.

) AD 07, 52J 111, f°73.

3533.

) AD 07, 1J 359, f°4v°.

3534.

) AD 07, 52J 111, f°82.

3535.

) AD 07, 1J 359, f°4r°.

3536.

) Cf. t. I, annexe n°13.