Au-delà d’Antraigues, la route est mentionnée dans les estimes de 1464 au mas des Chambons ( 3556 ). Pour rejoindre ce mas, deux itinéraires figurent au cadastre : celui construit à la fin du XVIIIè siècle longeant la Volane, et l’ancien dit « chemin Antraigues à Laviolle » ( 3557 ), « ancienne route d’Aubenas à Mézilhac » ( 3558 ) où encore « chemin de Mézilhac à Aubenas » ( 3559 ). Ce dernier est directement l’héritier de la route médiévale ainsi que l’atteste le plan terrier de 1761 ( 3560 ). La route d’Antraigues à Mézilhac y est en effet mentionnée dès la sortie d’Antraigues en 1413, puis ensuite à Pause en 1356, au Coulet en 1356 et 1418 ou encore à la Croix de Saint-Roch en 1323. La route de Mézilhac passe donc par les actuels quartiers du col des Portes ( 3561 ) puis de Terret, et de la Détrouse ( 3562 ) avant d’arriver aux Chambons. Elle y rejoint la Volane pour la traverser ( 3563 ), la nouvelle route restant en rive gauche. En rive droite, l’ancienne route demeure parallèle à la Volane en passant à proximité de Laviolle où elle est mentionnée en 1321 ( 3564 ). A partir de Pousadouire ( 3565 ), elle gagne très directement Mézilhac en passant par le Crouzet, le Four et Sauvergeac ( 3566 ). Le toponyme du Tracol, associé à une longue limite parcellaire continue, laisse penser qu’un autre chemin a pu exister une centaine de mètres plus au sud afin de gagner Mézilhac ( 3567 ).
Il est difficile de percevoir l’importance de cet axe à la fin du Moyen Age. Néanmoins, il ne semble jamais avoir été une route interrégionale majeure. Au tracé abrupt et mal commode dans une vallée encaissée, le voyageur se rendant de la vallée du Rhône au Velay devait hésiter à l’emprunter, la route par Montpezat étant incomparablement plus aisée et plus fréquentée.
La situation du péage d’Antraigues en est d’ailleurs le reflet. Son importance semble médiocre au point qu’il ne figure que dans un seul acte, à l’occasion d’un litige le concernant, alors que plusieurs hommages du château d’Antraigues ne le mentionnent pas. Est-il perçu réellement et avec régularité ? Tout laisse penser le contraire et on peut légitimement supposer que ce droit, mentionné uniquement à la fin XIIIè siècle, est tombé en désuétude aux XIVè et XVè siècles ce qui explique qu’il ne figure pas dans une documentation pourtant plus abondante. Serait-ce alors la conséquence d’une rentabilité médiocre ayant entraîné l’arrêt de sa perception, un trafic trop faible ne permettant pas de couvrir les frais induits et de dégager un bénéfice ?
La route d’Aubenas à Mézilhac a donc avant tout eu pour utilité d’ouvrir l’est du Plateau vivarois (Lachamp-Raphaël et Mézilhac) ainsi que les Hautes-Boutières (région du Cheylard) sur le Bas-Vivarais, même si elle a pu être de façon secondaire fréquentée par une faible part du trafic entre vallée du Rhône et Massif Central.
Ayant avant tout pour fonction de desservir une partie du Plateau et des Hautes-Boutières, il est légitime de penser que l’existence de cette route est concomitante de la mise en valeur de ces régions et de leur peuplement. Aucune découverte archéologique ne permet de penser que la vallée de la Volane ait été occupée dès l’Antiquité ni même au haut Moyen Age. Au contraire, le centre de peuplement principal est constitué par le castrum d’Antraigues sans doute né au XIIè siècle ( 3568 ). Il est donc très probable que le développement de la route ne soit pas antérieur à cette période.
) AD 07, C 599, f°94.
) Antraigues, cadastre de 1844, section E2 dite d’Antraigues.
) Antraigues, cadastre de 1844, tableau d’assemblage.
) Antraigues, cadastre de 1844, section C1 dite de Saint-Vincent.
) AD 07, non côté, plan parcellaire d’Antraigues de 1761 portant des reconnaissances depuis 1302.
) Antraigues, cadastre de 1844, section E2 dite d’Antraigues.
) Antraigues, cadastre de 1844, section C2 dite de St-Vincent.
) Laviolle, cadastre de 1844, section B3dite du Chambon.
) AD 07, non côté, plan parcellaire d’Antraigues de 1761 portant des reconnaissances depuis 1302.
) Laviolle, cadastre de 1844, section A1dite du Village.
) Mézilhac, cadastre de 1844, section D1 dite de Mézilhac.
) Mézilhac, cadastre de 1844, section E1 dite du Crouzet.
) Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitat en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit ., vol. 3, p. 15.