a- De Privas à Aubenas

Au départ de Privas, le chemin se dirige vers Aubenas en passant par le col de l’Escrinet, suivant un tracé globalement parallèle, voire confondu, avec l’actuelle R.N. 104. De Privas au col de l’Escrinet, son tracé se confond avec la route du Pouzin à Mézilhac que nous avons déjà présentée. Rappelons seulement ici que la route quitte Privas par l’ouest et s’élève en direction de Veyras pour ensuite contourner le sommet du mont Charay par le nord, alors que la R.N. 104 passe au sud en suivant le tracé du XVIIIè siècle. Les deux tracés se séparent au col de l’Escrinet : celui allant à Mézilhac oblique alors en direction du plateau Vivarois tandis que la route d’Alès s’oriente au sud, vers Aubenas.

Le col de l’Escrinet marque la limite des mandements de Privas, occupant le versant nord, et de Boulogne au sud. Un poste de perception du péage du château de Privas y est d’ailleurs implanté dès 1281 au moins, date à laquelle les habitants de Privas en obtiennent affranchissement ( 3709 ). Le château de l’Escrinet, probablement situé sur le petit mamelon rocheux marquant le passage du col est très probablement destiné à en assurer la perception. Il est en effet dans la dépendance du château de Privas et ne constitue pas un chef-lieu de mandement, mais se trouve rigoureusement en bordure de la limite de mandement et de la route ( 3710 ). Si la raison d’être du château est la perception du péage, ce dernier doit donc très vraisemblablement se lever dès 1239, date de la première mention du château de l’Escrinet, lorsque Aymar de Poitiers, comte de Valentinois rend hommage à Raymond VII de Toulouse pour ses castra vivarois ( 3711 ).

Au-delà du col de l’Escrinet, la route est mentionnée à Aubenas, où arrivent les voyageurs venus du Velay et au-delà par Montpezat ou Pradelles. Sur la quinzaine de kilomètres séparant le col d’Aubenas, peu de textes médiévaux nous renseignent sur son tracé exact ( 3712 ). Néanmoins, il est possible d’identifier deux tracés parallèles, l’un cheminant au pied ouest du plateau du Coiron, par Saint-Etienne-de-Boulogne et Vesseaux, l’autre passant sur le rebord de celui-ci.

Notes
3709.

) Mazon (A.) : « Chartes des libertés et franchises de Privas de 1281 et confirmation de ces libertés (1309) et délibération de la communauté de Privas en 1690 », art. cité.

3710.

) Sur l’histoire du château de l’Escrinet, cf. Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitat en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., vol. 2, p. 114 et ss.

3711.

) AD 38, B 3522.

3712.

) Le chartrier de la famille de Lestrange, entre les mains de laquelle se trouve le château de Boulogne à compter du XIVè siècle ne nous est pas parvenu. Tout au plus conserve-t-on des hommages des Lestrange aux comtes de Valentinois, mais en aucun cas il ne s’agit d’instruments de gestion domaniaux pouvant mentionner des routes. Un terrier du prieuré casadéen de Vesseaux daté des années 1472-1474 était au XIXè siècle entre les mains de l’érudit Valsois Henri Vaschalde. Néanmoins, sa collection ayant été dispersée, il est sans doute aujourd’hui perdu ou entre les mains d’un collectionneur privé. Néanmoins, la vie de Clotilde de Surville, poéte du XVè siècle, peut-être née à Vesseaux, ayant fait l’objet de deux opuscules, il est possible d’y trouver quelques analyses du terrier ou des citations plus ou moins longues des reconnaissances. Cf. Villedieu (E.) : Clotilde de Surville, sa vie, ses oeuvres, ses descendants devant la critique moderne avec notes, pièces justificatives et carte de Vesseaux au XV è siècle, op. cit. et Vaschalde (H.) : Clotilde de Surville et ses poésies, documents inédits, op. cit. où les auteurs s’attachent aux possessions de la famille de Surville à Vesseaux. Les analyses données par Henri Vaschaldes, plus longues et nombreuses sont préférables à celles de Eugène Villedieu.