a- D’Aubenas à Lagorce

La première branche, venant d’Aubenas, est assez mal renseignée par la documentation médiévale, mais quelques rares textes, avec l’aide du cadastre et de la toponymie, permettent de restituer son tracé général. Elle apparaît à plusieurs reprises dans les terriers de la région de Lagorce au début du XVè siècle ( 3860 ). D’Aubenas à Lagorce, le relief lui impose de passer par le col de Leyris, non loin de Rochecolombe ce qui nous fourni un axe général.

A la différence de la route actuelle d’Aubenas à Vallon qui se sépare de la route d’Aubenas à Joyeuse au niveau de Saint-Etienne-de-Fontbellon, la route médiévale part directement d’Aubenas. En effet, la très mauvaise inscription de la route actuelle dans le parcellaire napoléonien interdit formellement de lui assigner une quelconque ancienneté. La route ancienne quitte donc Aubenas au quartier de la Paillouse pour passer par Bellande et Saint-Pierre, non loin du bord de l’Ardèche. Ensuite, elle figure sur le cadastre de Saint-Etienne-de-Fontbellon au quartier de Bourdaric sous le nom de « chemin des Drayes » ( 3861 ). C’est probablement à ce niveau qu’elle est mentionnée comme confront d’une terre en 1439 ( 3862 ). Ensuite, elle entre sur la paroisse de Saint-Sernin où le cadastre indique le passage du « chemin de Saint-Sernin à Aubenas », nettement distinct de la « route de Vogüé à Aubenas » ( 3863 ). A ce niveau, sur quelques centaines de mètres, la route a disparu du cadastre, ayant manifestement fait l’objet d’une rectification ponctuelle de tracé lors de l’établissement de la grande route au XVIIIè siècle, mais plusieurs limites de parcelles rectilignes en conservent encore le souvenir. Juste avant Saint-Sernin, la route traverse le ruisseau d’Auzon au hameau d’Auzon. Aucun pont n’est mentionné dans la documentation consultée et il n’en figure pas non plus sur le cadastre napoléonien. Au niveau de Saint-Sernin, la route ne passe pas au village même mais traverse la plaine de l’Ardèche en contrebas, seule une rude montée permettant encore au XVIIIè siècle de gagner le village ( 3864 ). La route médiévale passe dans la plaine et figure au cadastre napoléonien sous le nom « d’ancien chemin de Vogüé à Aubenas » ( 3865 ). Cheminant par La Prade et Gaude ( 3866 ), elle arrive ensuite au droit de Vogüé où elle est mentionnée en 1350 ( 3867 ). C’est à Vogüé que l’Ardèche est traversée sur un pont dont les travaux débutent en 1456 et se poursuivent au moins jusqu’à la fin des années 1470 ( 3868 ). Comment se faisait la traversée auparavant ? Rien ne nous l’indique, mais la levée du moulin de Vogüé existant dès le XIIIè siècle constitue un gué facile tant que l’Ardèche ne coule pas trop ( 3869 ).

Une fois l’Ardèche traversée, la route continue par le quartier de Boussan jusqu’au Cros-d’Auzon, où elle franchit l’Auzon. Ici encore, nous rencontrons une évolution toponymique maintes fois remarquée : l’hydronyme devient le toponyme du quartier où la route traverse la rivière. Peu après, la route passe au lieu-dit de Lestrade avant de franchir le ruisseau de Vendoule, au quartier de la Planche ( 3870 ), ces deux toponymes constituant de bons marqueurs du tracé routier. A ce niveau, le cadastre ne laisse subsister aucun doute sur le tracé de l’ancienne route d’Aubenas à l’Uzège qui y figure sous le nom de « chemin d’Aubenas à Lagorce » par opposition à la « grande route d’Aubenas à Vallon » ( 3871 ). La continuation de l’itinéraire est encore très nette sur le cadastre, par Les Combettes et le Col de Leyris ( 3872 ) qui débouche sur la dépression de Lagorce. De là, elle descend en direction de Lagorce en suivant un tracé souvent confondu avec l’actuelle R.D. 1. On peut toutefois distinguer quelques modifications de tracé très ponctuelles comme au droit de la serre de la Vigne ( 3873 ) ou de Chadeyron ( 3874 ). Ensuite, la route passe par le quartier du Pas et arrive à Lagorce même.

Notes
3860.

) AD 07, 1J 310, f°7.

3861.

) ) Saint-Etienne-de-Fontbellon, cadastre de 1834, section D3 dite de Saint-Etienne.

3862.

) AD 07, 1J 308, f°2.

3863.

) Saint-Sernin, cadastre de 1834, section B2 dite de Touroulet.

3864.

) AD 07, C 844, n°26.

3865.

) Saint-Sernin, cadastre de 1834, section C dite du Village.

3866.

) Vogüé, cadastre de 1813, section G dite de Pontès.

3867.

) AD 07, 2E 7630, f°32.

3868.

) Vogüé (E.-M.) de : Une famille vivaroise, histoires d’autrefois racontées à ses enfants, op. cit., Preuve 50.

3869.

) B.N.F., collection Chérin, Ms 204, Vogüé, f°4v°.

3870.

) Saint-Maurice-Lanas, cadastre de 1813, section E de Labrugière.

3871.

) Rochecolombe, cadastre de 1813, tableau d’assemblage.

3872.

) Lagorce, cadastre de 1825, section A1 dite de Leyris.

3873.

) Lagorce, cadastre de 1825, section I1 des Silhols.

3874.

) Lagorce, cadastre de 1825, section I2 des Silhols.