a- De Bourg-Saint-Andéol à Saint-Remèze

Dès 1276, la via publica de Bourg-Saint-Andéol à Saint-Remèze confronte le terroir dit d’Amarnacium, situé dans le bois du Laoul, au sujet duquel les syndics de la communauté de Bourg-Saint-Andéol et le précepteur de la commanderie de Saint-Jean-de-Trignan sont en conflit ( 3923 ). Sur la section Bourg-Saint-Andéol - Saint-Remèze, aucun autre texte ne nous apporte d’élément topographique intéressant pouvant permettre de localiser la route avec précision. Néanmoins, l’étude du relief, de la carte de Cassini, du cadastre napoléonien sur lequel figure le « chemin de Bourg à Vallon » ( 3924 ) et la localisation de deux bornes milliaires permettent de proposer un itinéraire précis.

La route quitte Bourg-Saint-Andéol par la porte nord-ouest de la ville, dite Porte de la Tour qui est mentionnée dès 1345 ( 3925 ), fermée dans les années 1370 devant le danger des bandes armées et rouverte en 1380 ( 3926 ). Elle se dirige ensuite en direction du quartier de la Béarnaise, plus précisément au lieu-dit de la Croix du Liby où une borne milliaire a été retrouvée au XIXè siècle en bordure du chemin ( 3927 ). Elle jalonne la route antique d’Alba à Bourg qui se confond sur ses derniers kilomètres avec la route médiévale de Bourg à Saint-Remèze. De Bourg à la Croix du Liby, le tracé médiéval figure encore au cadastre napoléonien et sur la carte de Cassini. On peut le suivre par La Barrière ( 3928 ) et le Cros ( 3929 ), section sur laquelle il est partiellement réutilisé par l’actuelle R.D. 4.

Après la Croix du Liby, on peut suivre la route sans difficulté par le vallon de Sardagne qu’elle remonte en rive droite jusqu’à son débouché sur le plateau du Laoul. La route antique continue alors vers le nord-ouest en direction d’Alba par le hameau de Rimouren où un second milliaire de la voie d’Alba à Bourg, probablement le XVIè, a été trouvé ( 3930 ) alors que le tracé médiéval se dirigeait vers Saint-Remèze. La route médiévale oblique donc vers l’ouest en contournant l’extrémité de la Combe de Font du Merle. Elle traverse donc le bois du Laoul par le lieu de Marnas ( 3931 ) où elle est mentionnée en 1276 ( 3932 ). A l’entrée du bois du Laoul, à Marnas même, les frères Guigon et Lambert de Châteauneuf, seigneurs de Saint-Remèze et de Bidon, ont fait élever des fourches. Elles font l’objet de vives récriminations de la part des consuls de Bourg en 1321 ( 3933 ). Là encore, on peut vérifier la parfaite adéquation entre les fourches patibulaires, marquant on ne peut plus symboliquement les limites de l’étendue de la justice, et le réseau routier.

Dans sa traversée du bois du Laoul et de la plaine d’Aurèle, la route actuelle, qui figure sur la carte de Cassini, sert de limite aux communes de Bidon et de Saint-Remèze. Néanmoins, elle semble récente, au moins entre Champ Vacher et la Drayasse. En effet, elle se superpose au parcellaire et au réseau viaire vicinal, alors qu’un chemin serpente encore autour de son axe général et peut correspondre au tracé ancien. Le fait qu’elle serve de limite communale sur cette section ne doit pas nous abuser et la toponymie laisse penser que la fixation de la limite n’est pas médiévale. En effet, le quartier dit du « Patis de Gras », évoquant un bien commun des habitants de Gras, se trouve à l’heure actuelle sur la commune de Bidon.

Après la Drayasse, le chemin ancien est nettement identifiable jusqu’à la Plaine d’Aurèle. A partir de là, le chemin ancien semble en partie avoir disparu, mais le cadastre permet de proposer un tracé passant par la Charbonnière, le Moulin à Vent et la Croix de l’Espant, conservé partiellement sous la forme d’un chemin vicinal et de plusieurs limites de parcelles ( 3934 ).

Notes
3923.

) AM Bourg-Saint-Andéol, DD3.

3924.

) Bourg-Saint-Andéol, cadastre de 1829, tableau d’assemblage.

3925.

) Courtheault (H.) : Le Bourg-Saint-Andéol, essai sur la constitution et l’état social d’une ville du midi de la France au Moyen Age, op. cit., p. 26.

3926.

) Courtheault (H.) : Le Bourg-Saint-Andéol, essai sur la constitution et l’état social d’une ville du midi de la France au Moyen Age, op. cit., p. 26.

3927.

) Arnaud (P.) : Les voies romaines en Helvie, op. cit., p. 124. Cette borne milliaire, la XVIIè depuis Alba a été retrouvée à la bonne distance de la cité, en bordure du chemin, ce qui laisse penser qu’elle n’a subi aucun déplacement et marque encore le passage de l’axe antique.

3928.

) Bourg-Saint-Andéol, cadastre de 1825, setion C dite de la Dernade.

3929.

) Bourg-Saint-Andéol, cadastre de 1829, setion A3 dite de Rochecolombe.

3930.

) Ibidem, p.125.

3931.

) Bourg-Saint-Andéol, cadastre de 1829, setion A3 dite du Laoult.

3932.

) AM Bourg-Saint-Andéol, DD3.

3933.

) Courtheault (H.) : Le Bourg-Saint-Andéol, essai sur la constitution et l’état social d’une ville du midi de la France au Moyen Age, op. cit., p. 37.

3934.

) Saint-Remèze, cadastre de 1829, section B4 dite du Moulin à Vent.