De deux niveaux et de deux registres

La classification qui vient d’être présentée, en deux niveaux de modélisation, ou en deux mondes, peut utilement être rapprochée du schéma de la modélisation élaboré par Martinand (1994). Ce schéma repose sur la distinction de deux registres : le registre du référent empirique, et celui du modèle, qui le représente. Le registre de référent empirique est finement décrit : Martinand distingue la phénoménotechnique, qui contient les objets utilisés et leurs conditions d’utilisation, la phénoménographie, qui est la « lecture première » des phénomènes (Luc et Durey, 1997, p. 51), et la phénoménologie, qui en est une lecture « seconde, par modèle interposé » (idem), c’est à dire une fois que le modèle du phénomène a été construit. Les processus de modélisation sont les aller-retours entre les deux registres.

A première vue, les deux théorisations pourraient sembler proches. Cependant il faut insister sur quelques différences importantes :

  • Le schéma de Martinand a été utilisé essentiellement pour construire ou analyser des séances ou des séquences d’enseignement ; il conduit à décrire les événements qui se déroulent dans la classe du point de vue de l’enseignant, du point de vue de la physique ;

  • Dire que la phénoménographie est une première lecture avant l’application du modèle estompe le fait que toute description de la réalité véhicule des éléments d’un modèle préexistant, simplement par le langage utilisé ;

  • La façon dont l’élève voit la réalité dépend de ses connaissances antérieures, qui ne sont pas celles de l’enseignant évidemment : la phénoménographie de l’enseignant n’est pas forcément opératoire pour l’élève.

Nous allons préciser dans le paragraphe suivant ce point de vue de l’élève dans la modélisation.