3.3 Quelques caractéristiques du modèle de l’élève

Cela rejoint l’article de Vosniadou et Brewer déjà cité (1994). Dès les premières pages (p.125) les auteurs précisent en quel sens ils emploient le terme ’ modèle mental ’ de l’élève :

‘’We use the term mental model to denote a particular kind of mental representation which has the following characteristics : (a) its structure is analog to the states of the world that it represents ; (b) it can be manipulated mentally [...] to make predictions about the outcomes of causal states in the world ; and (c) it provides explanations of physical phenomena. We further assume that mental models are dynamic structures which are usually created on the spot to meet the demand of specific problem-solving situations 3. This does not exclude the possibility that some models, or parts of them, which have been proven useful in the past, are stored as separate structures and retrieved from memory when needed. ’’

Comment sont créés les modèles mentaux de l’élève ? Ils émergent des connaissances et modes de raisonnement préexistant, et en retour ils exercent une contrainte sur l’apprentissage réalisé, sur l’acquisition de nouvelles connaissances. Suivant donc l’état de ses connaissances, un élève construira des modèles mentaux de natures différentes, ou que Vosniadou et Brewer s’efforcent de distinguer en fonction de leur proximité aux modèles scientifiquement corrects :

Qu’est-ce qui fait qu’un apprenant construit un modèle particulier plutôt qu’un autre ? Quels sont les critères qui feront qu’un élève accordera une certaine confiance à un modèle qu’il vient de contruire pour expliquer une situation ou pour agir sur elle ? Vosniadou et Brewer (1994, pp. 134-135 et 175-178) proposent trois critères, qu’ils reprennent d’ailleurs de critères énoncés par Kuhn pour la pertinence d’une théorie scientifique : l’exactitude (’accuracy’ : le fait que les prédictions de la théorie seront vérifiées par l’expérience) ; la cohérence (’logical consistency’ : l’explication n’emploie pas deux arguments contradictoires) ; la simplicité (’simplicity’ : la tendance à utiliser le même mécanisme aussi souvent qu’il semble applicable).

Quant à Gilbert et Boulter (1998, p. 56) ils proposent de distinguer entre :

La distinction entre modèles de consensus et modèles enseignés ne fait que recouper la transposition didactique nécessairement à l’oeuvre dans chaque enseignement. La distinction entre modèle mental et modèle exprimé, elle, a l’intérêt de rappeler que le didacticien n’a accès qu’à des modèles exprimés, et qu’il reconstruit des modèles mentaux qu’il attribue aux élèves qu’il étudie ; encore faut-il ajouter qu’un modèle exprimé par l’action n’est guère explicite en général.

Notes
3.

C’est nous qui soulignons