3.3 L’activité des élèves dans un micromonde de géométrie dynamique

Dans les débuts de l’existence de tels logiciels, une philosophie « euphorique » de l’apprentissage a vu le jour (Capponi & Laborde, 1995). La simple confrontation des élèves à ces réalités artificielles allait leur permettre de construire une théorie à partir des comportements observés et des réponses reçues du système. A la fin des années 80, l’expérience avait tranché : ces apprentissages attendus ne se produisaient pas, et le caractère de micromonde ne dispensait pas de construire des situations d’enseignement pour organiser le milieu (voir la discussion comparant de ce point de vue les tutoriels et les micromondes, dans Balacheff, 1994, p.30).

Du point de vue de l’activité des élèves quand ils disposent de tels systèmes, Capponi et Laborde (1995) insistent sur leur difficulté à ‘« mettre en oeuvre, même dans ces environnements, une mobilité complète entre géométrique et spatio-graphique ... la question didactique qui en découle est la caractérisation des situations didactiques permettant l’apprentissage de la mobilité spatio-graphique/géométrique »’.

La distinction entre champ expérimental et champ théorique conduit à distinguer différents types de contrôles qu’un élève est amené à exercer sur ses raisonnements et son activité. D’après Laborde (1999, p. 239), en effet, ‘« les objets et relations de la géométrie sollicitent de la part de l’individu des connaissances et contrôles théoriques tandis que les réalités spatio-graphiques sollicitent d’abord une appréhension et des contrôles perceptifs (parfois aidés d’instruments). Ce n’est que lors d’un processus d’interprétation en termes de géométrie qu’elles appellent des connaissances théoriques ; or ce processus n’est rendu possible que grâce déjà à un ensemble de connaissances préalables en géométrie »’. Nous voyons ici apparaître un élément extrèmement important pour la suite : le spectacle qui s’offre à l’élève sur l’écran de l’ordinateur est objet d’interprétation de sa part, et cette interprétation est dirigée par des connaissances préalables.

Préalablement aux types de contrôles réalisables dans le contexte de Cabri-géomètre, il faut s’intéresser à des procédures spécifiques à ce logiciel.