2.4 Choix des élèves observés

Pourquoi choisir d’observer deux élèves ? Une première raison est contingente : la formation des images est enseignée en France dans la spécialité Sciences Physiques de Terminale, où les élèves travaillent par paires en cours-TP. Mais la deuxième raison est plus profonde : de nombreux travaux ont mis en évidence l’intérêt de la collaboration entre deux élèves travaillant par paire pour l’apprentissage. Une liste de références est donnée par exemple par Baker et Bielaczyc (1995). Tiberghien et de Vries, notamment, ont proposé (1997, p. 164) une classification des mécanismes de la collaboration entre deux élèves d’une paire favorisant l’apprentissage :

Les deux élèves que nous avons observés ont été choisis a priori sur l’avis de l’enseignant, qui les connaissait suffisamment pour nous indiquer qu’ils étaient particulièrement dynamiques. Quand on constate la régularité avec laquelle ils répondent aux questions de l’enseignant dans son dialogue public avec la classe, on doit avouer que ce choix était parfaitement justifié. Parmi les deux élèves, pourquoi étudier particulièrement l’un d’entre eux, Emmanuel ? L’examen de la façon dont il avait répondu au test papier initial nous avait convaincu qu’il était porteur d’une conception non conforme à la physique de la formation d’une image à travers une lentille, conception bien répertoriée par la didactique de l’optique. Il était donc très intéressant de voir comment cette conception pouvait évoluer en relation avec les situations d’enseignement où il serait placé.

Nous sommes conscients de l’objection qu’on pourrait nous faire, suivant laquelle les productions verbales et l’évolution des connaissances d’Emmanuel sont étroitement dépendantes de la situation de collaboration où il se trouvait, et de ses interactions avec s camarade Adeline. Nous en convenons, mais nous pensons que cela n’implique pas qu’on ne puisse les séparer, adoptant en cela un point de vue différent de celui de Bécu-Robinault (1997, p. 86). Rappelons que le type d’étude de Bécu-Robinault portait sur plusieurs groupes, sur les niveaux de savoirs mis en jeu au cours des activités, et non sur l’évolution de la conception d’un élève particulier suivi dans sa continuité pendant toute une séquence. Nous pensons que notre étude nous permet de rétablir la cohérence de ce que pense l’individu Emmanuel, en relation avec la situation, et de voir si certains aspects se retrouvent d’une situation à l’autre.