En ce qui concerne l’activité de modélisation verbalisée par l’élève, les catégories suivantes ont été choisies (seules les phrases qu’il prononce ont été prises en compte) :
MOE (pour monde des objets/événements) quand l’élève parle du monde des objets et des événements ; par exemple ‘« parce que regarde c’est facile tu mets la règle et tu vois ce que tu as c’est rien que le verre »’ (étape s2-1-3, int. 2/6919) ;
MTP (pour monde de la théorie physique) quand il exprime un concept physique ; par exemple l’enseignant demande où se forme l’image et Emmanuel répond ‘« sur un plan image ... perpendiculairement ...au foyer image ...à la droite à l’axe »’ (étape s4-2-2, int. 4/206-212) ;
RTO (pour relations théorie/objets-événements) quand il établit une relation entre les objets ou événements et les connaissances de la physique ; par exemple ‘« l’image donnée de donc du faisceau de la lampe sur euh ... sur euh sur un truc sur une table »’ (étape s2-1-6, int. 2/119-121) ;
CM (pour connaissances mathématiques) quand il parle de connaissances purement mathématiques ; par exemple ‘« parce qu’en haut c’est négatif c’est moins 15 c’est 3 fois moins 3 / 5 fois moins trois »’ (étape s12-4-3, int. 12/656) ;
CMM (pour caractéristiques du modèle matérialisé) quand il exprime certaines caractéristiques du modèle matérialisé qu’il a sous les yeux sur l’écran de l’ordinateur ; par ‘exemple « OK va sur le demi-cercle là là où c’est écrit “déplacer” non là sur l’écran » ’(étape s2-4-3, int. 2/743) ; cette catégorie est aussi utilisée quand il gère les fonctionnalités du logiciel, en particulier les problèmes avec la souris ;
RMMP (pour relations modèle matérialisé-physique) quand il interprète ce qu’il voit sur l’écran de l’ordinateur en termes de théorie de la physique ; par exemple ‘“[ça correspond] à la réfraction oui ce point allez allez allez là tu as vu (?) et même plus ha c’est dommage ils n’ont pas fait [la deuxième partie du rayon réfléchi] ’» (étape s2-4-5, int. 2/867) ;
RMMO (pour relations modèle matérialisé-objets) quand il établit une relation entre le contenu du modèle matérialisé et les objets ou événements qu’il a observé lors d’une expérience réelle ; par exemple ‘« Em : alors c’est le fais( : : ) comment on appelle ça ( ?) comment on l’avait appelé ( ?) ... le rayon qui était autour ; Ade : oh oui la lumière parasite là ; Em : voilà »’ (étape s2-4-10, int. 2/1234-1238).
Ce dernier exemple permet de préciser un point important : dans le dialogue permanent entre Adeline et Emmanuel, il y a des phases où la verbalisation de ces deux élèves est homogène du point de vue des niveaux de savoir mis en jeu. Il arrive alors que les termes d’Adeline soient plus explicites que ceux qu’emploie Emmanuel. Dans ce cas, notre catégorisation des verbalisations d’Emmanuel sera aidée par les verbalisations d’Adeline. Par ailleurs, souvent notre catégorisation relève d’une interprétation de ce qu’Emmanuel prononce localement ; cette interprétation n’est possible que parce que l’écoute de ce qu’il a dit dans les minutes qui précédaient nous permet de donner sens à ses productions immédiates.
Comme le diagramme ci-dessous le montre, le choix de ces catégories est directement la conséquence de notre cadre théorique, donnant la priorité aux processus de modélisation pour l’analyse de l’activité, et en particulier de l’activité de verbalisation, des élèves. MOE, MTP et CMM sont exprimées par les élèves quand ils restent dans un espace de modélisation donné ; RTO, RMMP et RMMO traduisent l’établissement de liens entre différents espaces.
Dans toute la suite, les références aux transcriptions seront notées de la façon suivante : d’abord la référence à la situation (ici s2), puis le numéro de l’épisode (ici 1), puis le numéro de l’étape (ici 3) ; une référence à une intervention précise ou à un groupe d’interventions sera indiquée par le numéro de la situation suivi par le numéro d’ordre de l’intervention dans la transcription (ici 2/69).