5.1 La course au temps

Le temps imparti à l’enseignement de spécialité est de deux heures chaque semaine, pendant environ 32 semaines. La moitié du temps étant attribuée à la chimie, l’autre à la physique, on peut escompter que le quart de l’année, soit huit semaines, peut être attribué à la formation des images. C’est ce qui s’est effectivement passé lors de la prise de données, où l’emploi du temps des huit séances a été occupée de la façon résumée dans le tableau suivant (7-6) :

Tableau 7-6 : emploi du temps des huit séances de la séquence
Séance Situations traitées Date
1 1,2 01/10/96
2 2,3,4 15/10/96
3 5,6 22/10/96
4 6,7,8 05/11/96
5 8,10,11,9 12/11/96
6 12 10/12/96
7 13,14 17/12/96
8 15 07/01/97

Cet enseignement se déroule en « cours-TP », où les interventions de l’enseignant devant la classe entière alternent avec les activités autonomes des élèves, qui travaillent par paires. Il donne lieu à des devoirs à la maison et à des devoirs surveillés, pris sur le temps d’enseignement.

Dans ce contexte, tout retard pour une raison quelconque (laisser du temps aux élèves pour réfléchir, régler les problèmes techniques d’un parc d’ordinateurs, corriger un exercice que les élèves comprennent mal, faire passer un test d’évaluation des conceptions ...) est tolérable dans les premières séances, mais devient inacceptable quand s’approche la huitième séance.

Ce manque de temps permanent, vivement ressenti bien entendu par l’enseignant dont c’est la responsabilité de terminer le programme, conduit à des prises de décision (parfois sur-le-champ en cours de séance) qui ont des effets directs sur les connaissances qui sont mises en jeu ou sur les processus d’apprentissage. On peut regrouper ces prises de décision en plusieurs catégories :

  • Distribution de résumés aux élèves pour éviter le temps de prise de note (mais par conséquent les élèves ont un rôle moins actif par rapport à ce qui figure dans leur cahier) : c’est le cas dans toutes les situations ;

  • Exercices faits essentiellement à la maison et non en classe (les élèves trouvent rapidement que cela leur donne trop de travail voir int. s12/707-735)

  • Distribution de corrigés pour les exercices donnés à la maison, non évoqués en classe (sauf situation 12) ;

  • Abandon d’expériences projetées (par exemple visée directe à la fin de la situation 7 parce qu’il fallait faire quelques mesures de la situation 8 avant la fin de la séance, ou expériences sur la correction des défauts de l’oeil à la fin de la situation 14) ;

  • Abandon de manipulations informatiques coûteuses en temps (mais qui ont une signification quant aux savoirs mis en jeu, par exemple trace/animation) : situations 10 à 13 ;

  • Limitation du temps laissé aux élèves pour réfléchir ou donner des réponses aux questions écrites (int. s2/245, ...)

On peut noter que la dialectique entre le travail d’un groupe de deux élèves et le travail de l’ensemble de la classe, que l’enseignant gère plus directement, peut être très compliquée et avoir des effets sur le temps de la classe. Par exemple, un mécanisme d’accélération du temps de la classe peut être de donner la solution à une question posée dès que l’enseignant s’aperçoit qu’un groupe l’a trouvée, même si les autres en sont loin. C’est ce qui se passe notamment dans la situation 2 (interventions s2/501 sq.).

Au total, la contrainte de temps est un obstacle majeur au déroulement de la séquence d’enseignement tel qu’il a été prévu. Ce phénomène, toujours présent, a sans doute été renforcé par le fait que c’était la première fois qu’une telle séquence était expérimentée, et que nombre de ses dispositifs (le fonctionnement des ordinateurs, le discours de l’enseignant, les réactions des élèves ...) devaient être ajustés.