1.2 L’usage de l’ordinateur et la motivation des étudiants

En dehors des problèmes techniques, une deuxième condition (certainement pas suffisante, ni indépendante de la capacité à bien manipuler le logiciel) pour que l’outil-ordinateur mis à leur disposition soit réellement profitable aux élèves est qu’il les motive, les intéresse, leur paraisse agréable ou puissant. Comment ont-ils dans notre expérience jugé ce dispositif informatisé d’apprentissage ?

La réponse peut être trouvée dans les affirmations des élèves portant appréciation du logiciel ou marquant leur adhésion aux activités qu’on leur demandait d’exécuter. Nous n’entrerons pas dans une étude détaillée de cet aspect, qui ne porte pas sur le centre d’intérêt principal de notre travail. On peut néanmoins citer quelques exemples de réactions, qui donnent l’impression d’un jugement globalement positif porté par les élèves sur l’utilisation de l’ordinateur.

• ‘« c’est extra »’ (étape s2-4-7 int. 2/1094) quand Adeline découvre la procédure « trace ».

• ‘« Tu vas voir je vais piquer ce logiciel »’ (étape s4-2-1 int. 4/113), au sens où Emmanuel prétend se l’approprier, donc qu’il lui plaît.

• Adeline caractérise le spectacle du faisceau émergent de la lunette astronomique dans l’étape s15-4-3 de la façon suivante ‘« c’est space »’ (int. 15/808).

Il peut arriver qu’ils aient une grande confiance dans les indications de l’ordinateur : par exemple dans l’étape s12-4-3, à la suite d’une erreur de calcul ils trouvent par la formule de conjugaison une valeur différente pour la position de l’image que celle qu’indique l’ordinateur ; ils remettent en cause la validité de la formule de conjugaison plutôt que le résultat de l’ordinateur ‘(« p’têt que ça marche pas ... dans tous les cas »’ int. 12/653).

Il faut toutefois nuancer ces jugements positifs, en relevant un certain nombre de critiques et de marques d’insatisfaction énoncées par les élèves.

• ‘« ça ralentit vachement n’empêche ...de faire des études comme ça »’ (étape s2-4-5 int. 2/985-987) évoque de façon critique le ralentissement qu’impose l’activité de recherche au rythme de la classe. Le surcroît de travail qui a résulté pour les élèves du fait que la séquence était objet de recherche, et qu’elle était en phase de mise au point, a été également critiqué, par exemple dans l’étape 12-5-1 (int. 12/711 ‘« la Spé c’est une option normalement m’sieur hein », int. 12/727 « on a encore plus de boulot qu’en physique et en maths »’).

• ‘« de t’façon ça m’inspire pas l’optique »’ (étape s5-2-7, int. 5/253), qui porte sur le domaine de la physique enseigné, et qui ne signifie pas grand-chose car c’est une réflexion que des élèves peuvent avoir sans y accorder grande importance. On peut classer dans la même catégorie ‘« y a un truc que je ferai jamais c’est prof de physique »’ (étape s7-1-4 int. 7/114).

• ‘« qu’est-ce qu’on se fait chier »’ (étape s7-1-2 int. 7/72), qui indique plutôt que la nécessité d’aller à la même vitesse pour tous les groupes ennuie ceux qui vont plus vite ou ont une attitude plus active. On retrouve les mêmes raisons pour de nombreuses étapes où les deux élèves observés parlent d’autre chose que de l’activité de classe ; en général cela se situe dans une occurrence où ils estiment avoir terminé la tâche qu’on leur demandait, et où l’activité collective n’a pas encore repris.

• Emmanuel remarque : ‘« il foire leur logiciel hein carrément »’ (étape s15-4-2 int. 789) quand l’animation et la trace du faisceau émergent de la lunette astronomique ne marchent pas pour certaines positions du rayon émergent.

Globalement cependant, on peut estimer que les élèves ont apprécié de pouvoir se servir d’un ordinateur et des fichiers qu’on avait mis à leur disposition.