d. Plan

Notre étude des déterminants micro-économiques des types de comportements innovants sera structurée en cinq chapitres. Les deux premiers chapitres auront une vocation plus théorique tandis que les trois derniers auront une vocation plus empirique. Compte tenu des motivations théoriques que nous expliciterons par la suite nous construirons notre travail empirique autour des concepts relevant de la théorie évolutionniste de l’innovation.

Le premier chapitre proposera un survol de la littérature économique dédiée à l’étude des comportements innovants de produits et de procédés à partir d’une analyse coûts/avantages. La distinction entre les innovations de produits et de procédés repose alors sur l’opposition entre des innovations de procédés destinées à réduire les coûts de production et des innovations de produits dont l’objectif est d’accroître les ventes. La littérature anglo-saxonne désigne communément ce conflit d’objectifs par l’expression ’cost-reducing process innovation vs. sale-enhancing product innovation’. Les innovations de produits et de procédés sont alors conçues comme des stratégies alternatives dans la mesure où elles produisent des effets économiques différents. La question que soulèvent ces travaux est la suivante : Quelles sont les variables sectorielles et micro-économiques susceptibles d’expliquer une valorisation inégale des stratégies de réduction de coûts et d’accroissement des ventes ? La problématique qui guide ces recherches est donc de type allocatif puisque leur objectif n’est pas d’expliciter les processus qui président au développement de l’innovation mais plutôt de comprendre les principes qui régissent l’allocation des investissements de R et D de la firme en faveur d’un type particulier d’innovation. Deux familles de variables explicatives ont alors été étudiées selon qu’elles affectent les revenus attendus de l’innovation ou qu’elles agissent sur leurs coûts respectifs de développement. Considérant certaines des limites des approches coûts/avantages nous proposons dans un second chapitre de développer un cadre d’analyse alternatif d’inspiration évolutionniste construit à partir d’une vision de l’innovation conçue en termes de processus de résolution de problème et d’apprentissage. La distinction entre les innovations de produits et de procédés repose alors sur l’opposition entre des ‘’processus de résolution de problème portant sur des questions relatives aux moyens (innovation de procédés)’ et des ’processus de résolution de problème portant sur des questions relatives aux fins (innovation de produits)’’. Nous nous interrogerons alors essentiellement sur le type de compétences ainsi que sur la nature et les propriétés des connaissances technologiques nécessaires pour la résolution des questionnements sur les fins et sur les moyens. Ces différents éléments nous permettrons de définir les conditions particulières d’appropriation et d’accumulation des connaissances technologiques et économiques associées au développement de comportements innovants de produits et de procédés. Suivant en cela Klepper [1996], ces divers facteurs se combineraient de sorte que les firmes innovantes en produits et en procédés n’évolueraient vraisemblablement pas dans les mêmes conditions de dépendance du sentier : elles seraient engagées sur des trajectoires technologiques distinctes. L’une des principales manifestations de ce phénomène s’observerait à travers des niveaux de persistance des comportements innovants différenciés en fonction des types d’innovations considérés.

Dans le prolongement de ces développements principalement ’théoriques’, l’objectif des trois derniers chapitres sera plutôt empirique. Leur organisation suit la méthodologie proposée dans le chapitre II. Nous emploierons à cette occasion les données des enquêtes innovation que le SESSI a gracieusement mises à notre disposition4.

Le chapitre III tentera de vérifier empiriquement l’idée fondatrice de notre approche qui consiste à supposer que les processus de résolution de problèmes engagés en vue du développement de comportements innovants de produits et de procédés sont de natures différentes et justifient donc la mobilisation de capacités de résolution de problèmes hétérogènes. Nous serons ainsi amenés dans le chapitre IV à nous interroger sur la nature de ces capacités de résolution de problème en tentant d’identifier les différentes compétences mobilisées pour la résolution de chacun de ces types de problème. Finalement, dans le chapitre V nous proposerons de décrire et de comparer les caractéristiques des trajectoires technologiques respectivement initiées par des comportements innovants de produits, de procédés et de produits & procédés. Nous testerons en particulier l’hypothèse selon laquelle la nature des compétences détenues par les firmes agit sur la persistance de leurs comportements innovants.

Notes
4.

Les enquêtes Innovation 1990, CIS1, Yale2, CIS2 et Compétence.