Les chercheurs qui utilisent les données de l’IFO ont pu aussi mesurer l’impact d’une variable de demande plus atypique : ’ L’évolution anticipée en long terme de la demande par les firmes (sur 5 ans) ’6. Ils distinguent selon les travaux l’évolution de long terme de la demande totale, domestique et extérieure.
Ne considérant que la demande anticipée globale, Zimmermann [1989] montre que :
Lorsque l’évolution anticipée de la demande est positive, elle agirait plus en faveur de l’innovation de produits que de procédés.
A contrario, une évolution négative de la demande anticipée aurait des effets à peu près comparables.
Selon que les anticipations sont positives ou négatives, elles auraient donc un impact asymétrique.
Si l’on se penche sur la distinction entre demande anticipée domestique et extérieure, on obtient les résultats suivants :
La demande anticipée
domestique
.
Si l’on considère les firmes dans leur ensemble, des anticipations positives accroissent plus la probabilité d’innovation de produit que de procédés (Pohlmeier [1992]). Si on distingue les firmes exportatrices et non exportatrices (Zimmermann [1987]) alors on s’aperçoit que des anticipations positives agissent en faveur des innovations de produits chez les firmes exportatrices tandis que l’on tendrait à observer la relation inverse chez les firmes non exportatrices.
La demande anticipée
extérieure
Comme dans le cas de la demande domestique, un accroissement de la demande anticipée extérieure se ferait en faveur de l’innovation de produit ((Pohlmeier [1992], Zimmermann [1987]).
Le niveau anticipé de la demande semble donc être un facteur particulièrement important pour expliquer le comportement innovant des firmes. Son impact serait bien plus important que celui de la concentration (Pohlmeier [1992], p.265). Dans tous les cas des anticipations positives entraîneraient une augmentation de la probabilité d’innovation7. Les principales bénéficiaires seraient les innovations de produits, bien plus que les innovations de procédés. Ce phénomène pourrait là encore être interprété comme le résultat d’une réduction de risque ou comme un effet mécanique sur le nombre optimal de variétés présentes sur le marché.
Même si ces anticipations ont été mesurées et exploitées économétriquement au niveau micro-économiques, d’une part elles portent sur l’évolution d’une variable sectorielle, d’autre part, elles nous renseignent sur des éléments souvent partagés par l’ensemble des firmes d’un secteur (le moral du secteur). A ce titre nous avons jugé opportun de les présenter à ce stade de la discussion.
Sur sujet, mais de manière plus générale, Zimmermann [1989] (confirmé par les résultats de Pohlmeier [1992]) note que quel que soit le type d’innovations considéré, la demande anticipée domestique exerce des effets plus importants que la demande anticipée extérieure.