Cohen et Klepper [1996]b proposent à partir de données micro-économiques américaines sur les brevets de tester directement leur théorie pour les années 1974-76 (leur unité d’analyse est la ligne de produit). Les résultats obtenus tendent à montrer qu’au sein de chaque secteur l’accroissement de la taille d’une firme dans une ligne de produit tendrait à augmenter la part des brevets de procédés dans le total des brevets déposés. Cette analyse est relativement ambitieuse dans la mesure où le comportement d’appropriation est susceptible de varier en fonction de la taille des firmes dans chaque ligne de produit. En particulier, la taille serait susceptible de stimuler les dépôts de brevets pour les procédés sans affecter le comportement de dépôt de brevet pour les produits.
A l’exception de Cohen et Klepper [1996]b les études traitant de l’effet de la taille sur le type de comportement innovant ne reposent pas sur des données désagrégées en termes de lignes de produits. Elles exploitent des informations globales pour chaque entreprise. Les résultats ainsi obtenus demeurent très polémiques :
Baldwin, Hanel et Sabourin [1999], Kraft [1990], Bertschek [1995] proposent des formulations linéaires du lien entre la taille et le type d’innovation. Ils valident une relation plus forte entre la taille et l’innovation de procédé que entre la taille et l’innovation de produit. A contrario, toujours suivant une formulation linéaire, Zimmermann [1989], Pohlmeier [1992], Duguet et Greenan [1997]25, Flaig et Stadler [1998] observent une influence de la taille en faveur des innovations de produits plutôt que de procédés.
Dans les cas de Lunn [1987] et Martinez-Ros et Labeaga [1998] le terme quadratique est plus favorable aux innovations de procédés que de produits. Chez Lunn [1987] on note que les signes des termes quadratiques et linéaires sont positifs pour les innovations de procédés dans les industries à faible intensité technologique. Martinez-Ros et Labeaga [1998] obtiennent le même type de relation (terme quadratique positif) indiquant une relation croissante à taux croissant entre la taille et le comportement d’innovation de procédés26.
En revanche, pour Zimmermann [1987] et Bertschek [1995], le terme quadratique agirait en faveur des innovations de produits, en particulier chez les firmes exportatrices (Zimmermann [1987]).
Les estimations ne sont donc pas concordantes. Comme dans le cas de la concentration, les problèmes de mesure27 et la structure des modèles économétriques agissent aussi certainement beaucoup sur les résultats comme le montre l’article de Flaig et Stadler [1998] dans lequel la prise en compte du comportement innovant passé des firmes modifie substantiellement les estimations28.
Les auteurs étudient l’effet de la taille mesurée 1- par le volume de production et 2- par la part de marché. Dans les deux cas ils observent un effet plus favorable pour les innovations de produits que de procédés.
Chez Lunn [1987] la variable endogène est le nombre de dépôts de brevets de procédés.
Selon que l’on mesure la taille absolue ou relative (en général par la part de marché) et selon que l’on considère des lignes de produits ou des firmes dans leur totalité.
Sans prise en compte du comportement innovant passé des firmes, la taille tend à agir plus en faveur des innovations de procédés que de produits. Après intégration de l’histoire innovante des firmes la relation est inversée.