§ 4 : Les conditions d’appropriation

Ainsi que l’ont noté certains auteurs (Lunn [1986], Kraft [1990], Cohen et Klepper [1996]) la concentration et la taille n’exerceraient pas forcément un effet direct sur les innovations de produits et de procédés. En fait, la concentration et la taille agiraient dans un premier temps sur les conditions d’appropriation29 des innovations de produits et de procédés, lesquelles détermineraient leurs niveaux respectifs de rentabilité. Par exemple dans le modèle de Cohen et Klepper [1996], c’est la possibilité de s’approprier les bénéfices liés aux innovations de produits sous forme non incorporée (cession de licences, ..) qui permet de mettre en évidence un effet de la taille sur l’innovation. Pour Kraft [1990] c’est la possibilité de bénéficier d’un pouvoir de marché supplémentaire compensant de mauvaises conditions d’appropriation qui expliquerait un effet positif de la concentration sur les innovations de produits. On obtiendrait alors le schéma causal de la Figure 2 :

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Figure 2 : Les conditions d’appropriation comme variables relais de la taille et de la concentration

Dans un premier temps les recherches ont essayé de confirmer l’intuition selon laquelle l’appropriation des innovations de produits était plus difficile que celle des innovations de procédés (a). Complétant cette observation, d’autres études ont montré que les outils contribuant à l’appropriation des innovations de produits et de procédés étaient très différents (b). L’accent a alors été mis sur les phénomènes micro-économiques dynamiques susceptibles de sous-tendre l’appropriation des innovations de produits (c).

Notes
29.

Les conditions d’appropriation se définissent alors comme : ’those properties of technological knowledge and technical artefacts, of markets, and of the legal environment that permit innovation and protect them, to varying degrees, as rent-yelding assets against competitors’ imitation’, (Dosi [1988], p.1139). De manière plus precise, Klevorick, Levin, Nelson et Winter [1995], indiquent que l’appropriabilité fait référence ’to the fraction of the returns produced by R&D that the firm making the investment can reap for itself. It is the ratio of the private to the social returns at the margin.’, p.188.