a. Le coût relatif du capital et du travail

Pohlmeier [1992], p.257 rappelle40 que l’emploi et les innovations de procédés peuvent être considérés comme substituts tandis que l’emploi et l’innovation de produit seraient plutôt complémentaires. Une augmentation du taux de salaire en comparaison du coût du capital (correspondant à une rareté relative du travail) devrait ainsi renforcer l’incitation des firmes à innover en procédés et réduire les incitations à innover en produits. Des exemples historiques tendent à militer en faveur de cette thèse comme le montre par exemple le cas des États-Unis qui, au début de ce siècle, compte tenu d’une certaine pénurie de main d’oeuvre, furent poussés à investir dans le développement d’innovations de procédés pour économiser le travail (Dosi, Pavitt et Soete [1990] ; Nelson et Wright [1994]).

Bien que l’hypothèse soit séduisante, les travaux empiriques en la matière ne permettent aucune conclusion décisive. A partir d’un nombre d’observation très réduit et sur un secteur particulier Kraft [1990] a le premier proposé un test de l’impact du salaire moyen par employé sur la probabilité d’innovation de procédé. Il obtient un coefficient positif faiblement significatif (10%) qui semble aller dans le sens de l’hypothèse d’un effet de substitution entre capital et travail. En utilisant un échantillon beaucoup plus large et en employant le coût sectoriel moyen par employé comme variable indicatrice du taux de salaire Pohlmeier [1992] ne parvient qu’à mettre en évidence une relation faiblement positive et significative entre le coût du travail et les probabilités d’innovations de procédés comme de produits. Flaig et Stadler [1998] à partir de données micro-économiques sur la part des salaires dans la valeur ajoutée des firmes concluent eux aussi à une relation faiblement significative et positive avec les deux types d’innovations. A l’encontre de l’hypothèse initialement formulée cette relation serait même légèrement plus favorable à l’innovation de produit qu’à l’innovation de procédés.

Contre toute attente théorique, ces études empiriques portant sur des firmes allemandes montrent donc que le coût du travail n’agirait pas de manière très nette en faveur de l’innovation de procédé et au détriment de l’innovation de produit. On observerait même dans certains cas un effet plus favorable du coût du travail sur l’innovation de produit que sur l’innovation de procédé. Des études françaises récentes suggèrent une interprétation en termes de qualité du facteur travail.

Notes
40.

Nous ne développerons pas le débat sur le biais du progrès technologique.