§ 4 : Les caractéristiques organisationnelles

Un élément essentiel suggéré par les travaux sur les opportunités technologiques, l’apprentissage par la pratique et la qualité du facteur travail est l’impact des caractéristiques organisationnelles des firmes sur les comportements innovants. En effet, à du ’personnel de conception exploitant des opportunités en provenance des clients soumis à la nécessité d’entretenir un temps d’avance sur les concurrents’ sont susceptibles de correspondre des formes organisationnelles spécifiques qui différent de celles associées à ’du personnel d’exécution qui exploite des opportunités en provenance des fournisseurs et des apprentissages par la pratique’. Le travail de Athey et Schmutzler [1995] offre des éclairages particulièrement intéressants sur ce sujet en développant plus particulièrement la notion de flexibilité. Les auteurs définissent formellement les conditions minima pour lesquelles une corrélation positive est susceptible de se manifester entre le développement d’innovations de produits et de procédés induisant de fait l’apparition d’innovations de produits & procédés42. Lorsque ces conditions de complémentarité ne sont pas satisfaites on retrouve alors l’univers de conflit (de ’trade-off’) entre innovations de produits et de procédés tel qu’il a pour l’instant été décrit par la majorité des modèles.

Athey et Schmutzler fondent leur analyse sur certaines des caractéristiques organisationnelles des firmes et en particulier sur leur flexibilité43. Le niveau de flexibilité des firmes serait une variable clef permettant de comprendre pourquoi chez un grand nombre d’entre elles la mise en oeuvre des innovations de produits et de procédés est synchronisée ou très rapprochée dans le temps. Ces auteurs illustrent fort bien un des thèmes majeurs des ouvrages de management des innovations de produits et de reengineering : le caractère systémique des processus innovants.

Notes
42.

Au regard des études empirique ce phénomène est très fréquent comme l’indiquent les travaux de Kraft [1990], Martinez-Ros et Labeaga [1998], Flaig et Stadler [1998]. Les enquêtes innovations françaises font quant à elles état d’un nombre important d’entreprises qui innovent à la fois en produits et en procédés aussi bien en ]1985-1990] (60%) qu’en [1990-1992] (40%).

43.

La flexibilité dont il est question ici mesure l’aisance avec laquelle une firme peut exploiter les opportunités d’innovations de produits et de procédés qui se présentent aléatoirement à elle. La flexibilité sera d’autant plus forte que les coûts d’adoption des innovations sont faibles. Pour un survol beaucoup plus général nous renvoyons à Cohendet et Llerena [1989].