§ 2 : Proposition pour une distinction cognitive entre les innovations de produits et de procédés

Dans le point précédent nous avons souligné le caractère déterminant pour la définition du processus résolutoire de la question initialement soulevée par l’innovateur. Cette question initiale contraint l’ensemble du processus résolutoire qui est supposé lui apporter une solution (i.e. innovation). A cet égard, Pearson [1991] propose de distinguer les comportements innovants de produits et de procédés en fonction du type de questionnement initial auxquels ils sont supposés apporter des solutions :

Cette distinction cognitive entre innovations de produits et de procédés semble très forte. En particulier elle permet de supposer que les questionnements sur les fins et sur les moyens n’induisent pas l’émergence de processus résolutoires identiques : l’acquisition des connaissances nécessaires à la convergence vers une solution ne se ferait pas dans les mêmes conditions ni selon les mêmes règles. Cette distinction structurera la suite de ce travail.

Cette approche a d’autres implications, en particulier pour l’étude des innovations de produits et de procédés considérés simultanément (innovations de produits & procédés) :

Il existerait donc une complémentarité asymétrique entre les innovations de produits et de procédés (cf. Figure 7) : l’apparition du procédé serait subordonnée à l’existence préalable de la fin qu’il est supposé servir.

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Figure 7 : Questionnements sur les fins et les moyens et types d’innovations

Cette asymétrie est implicitement présente dans la plupart des modèles étudiés dans le chapitre I :

Dans la section suivante, nous montrerons que cette différence de nature dans les questionnements sous-jacents aux innovations de produits et de procédés est porteuse de conséquences importantes. En particulier, les compétences et les connaissances technologiques à mettre en oeuvre pour parvenir à une solution innovante différeraient notoirement.