§ 3 : La nature des connaissances technologiques

La création, le développement et l’exploitation des interfaces internes et externes ainsi que l’aptitude à surmonter les incertitudes technologiques et commerciales qui accompagnent l’innovation peuvent s’interpréter comme la résolution d’autant de ’sous-problèmes à résoudre’. Nous venons de montrer que leur succès dépend de la détention par les firmes de compétences bien particulières liées à la spécificité des obstacles qu’elles ont à surmonter.

Ces compétences (i.e. capacités à réaliser des actions économiques élémentaires) trahissent la détention par les firmes de connaissances (au minimum des savoir-faire) sans lesquelles les comportements correspondant ne pourraient pas être menés à bien. Ces connaissances constituent de fait un stock initial dans lequel puise la firme pour développer des comportements innovants. On parle souvent de ‘’prior-knowledge’’. Cependant, les compétences ne reflètent pas simplement la détention initiale par la firme de certaines connaissances, elles nous renseignent aussi sur sa capacité à réaliser des apprentissages par renforcement de son stock de connaissances existant (via l’emploi répété des mêmes compétences) et par acquisition/développement de connaissances totalement nouvelles (générées à travers l’exercice des compétences existantes comme celles d’interface externe ou de R et D).

Notre objectif est donc ici d’étudier plus en détail la nature des connaissances technologiques et plus largement économiques susceptibles d’être mobilisées pour la résolution des questionnements sur les fins et les moyens au travers de l’exercice des compétences présentées précédemment. Reprenant la typologie établie par Lundvall et Johnson ([1994], p.28-30) la nature des connaissances économiques mobilisées par les firmes peut être définie en fonction du type de questions auxquelles elles permettent de répondre. Chacune de ces formes de connaissances (factuelles ou ‘’know what’, scientifiques ou ’know why’, sociétales ou ’know who (when and where)’, pratiques ou ’know-how’’) serait différemment exploitées dans le cadre des processus de résolution de problèmes portant sur les fins et les moyens60.

Notes
60.

Hormis la typologies de Lundvall et Johnson employée ici un certain nombre de typologies apparentées existent entre lesquelles une tentative de synthèse a récemment été proposé par Cohendet et Llerena [1999], p.219-220.