Le caractère cumulatif du progrès technologique

Le concept de ’cumulativeness’ a essentiellement été défini dans une perspective technique : on parle alors des complémentarités qui existent dans le développement de différentes générations de capital et de produits (Gruber [1994]). En matière d’innovations de procédés l’existence d’apprentissages par la pratiques et par l’utilisation ainsi que de conditions d’appropriation favorables nous permet de supposer que ce type de changement technologique présente un certain caractère cumulatif. Cependant ainsi que de nombreux auteurs l’ont souligné ces formes d’apprentissages déclinent rapidement en l’absence de renouvellement du stock de capital74 limitant d’autant le caractère cumulatif du changement technologique. Dans le cas des innovations de produits, il semblerait que les difficultés d’appropriation rencontrées par les firmes puissent réduire l’importance de ces complémentarités en offrant des possibilités de rattrapage (’catching-up’ voir ’leap frogging’) aux firmes non-innovantes. D’un point de vue technique nous conclurons ainsi au caractère plus faiblement cumulatif des connaissances technologiques liées aux produits que de celles liées aux procédés. Cependant, d’un point de vue organisationnel Lundvall [1988], [1992] a souligné l’importance des connaissances sociétales et des apprentissages par l’interaction en faveur de l’innovation de produits. Compte tenu de leur caractère tacite, spécifique à chaque firme et moins fortement irréversible que les connaissances pratiques associées aux comportements innovants de procédés ces connaissances seraient susceptibles de renforcer notablement le caractère cumulatif des comportements innovants de produits et de produits & procédés. Par ailleurs, rien n’indique que ces formes d’apprentissages connaissent des rendements décroissants aussi marqués que ceux qui accompagnent les apprentissages par la pratique et par l’utilisation.

Notes
74.

Voir plus de détails sur le sujet voir Le Bas [1991] et Young [1991].