L’objectif principal de ce paragraphe était de tester trois hypothèses fondamentales à la plupart des modèles théoriques développés jusqu’à ce jour pour expliquer l’apparition d’innovations de produits plutôt que d’innovations de procédés (et vice versa). La première hypothèse (la plus générale) posait que les objectifs poursuivis par les innovateurs de produits et de procédés différaient très certainement. Quel que soit le modèle considéré cette première hypothèse n’a pas pu être rejetée : différents objectifs technologiques n’exercent en effet pas le même impact sur l’ensemble des comportements innovants. Cette première étape franchie, les théories évolutionnistes et standard suggéraient deux hypothèses supplémentaires :
Les questionnements sur les fins (objectifs d’accroissement des ventes) stimulent plus les innovations de produits que les innovations de procédés.
Les questionnements sur les moyens (objectifs de réduction des coûts) stimulent plus les innovations de procédés que les innovations de produits.
Ces deux hypothèses ont pu être facilement vérifiées et certains points supplémentaires ont été soulignés :
Des deux axes factoriels caractéristiques des questionnements sur les fins (PRIN2 et PRIN3) le bénéfice maximum en faveur de l’innovation de produit provient de PRIN2 qui caractérise les questionnements sur les fins présentant le plus fort degré de radicalité.
Une valorisation plus forte des objectifs de réduction de coûts stricto sensu plutôt que des objectifs de flexibilité ou de réduction du cycle de conception des produits se ferait au détriment de l’innovation de procédé.
En outre, le fait de distinguer explicitement d’une part les innovateurs de produits et de procédés uniquement et d’autre part les innovateurs de produits & procédés nous a permis d’aborder la question originale des objectifs caractéristiques des innovateurs de produits & procédés. Nous avons ainsi montré d’une part qu’ils présentaient globalement une plus forte proximité de questionnement avec les innovateurs de produits que de procédés et que, d’autre part leur principale spécificité résidait dans l’objectif d’amélioration des performances globales du processus productif couplé à une attention particulière portée à la fiabilité du processus productif plutôt que sur la réduction pure et simple des coûts de production.