Synthèse sur les compétences d’interface externe

Dans leur ensemble ces résultats sont cohérents avec nos hypothèses de départ. Les comportements innovants de produits par rapport à ceux de procédés seraient favorablement affectés par les compétences d’interface avec les utilisateurs (USR) et les concurrents (COMP) qui permettent aux firmes à la fois de réduire le niveau d’incertitude commerciale auquel elles sont confrontées ainsi que d’accroître le spectre de leurs opportunités. En revanche la capacité des firmes à nouer des coopérations avec d’autres firmes (COOP) ne semblerait pas constituer un facteur décisif.

Les comportements innovants de procédés seraient quant à eux principalement affectés par les compétences d’interface avec les fournisseurs (FSR). Ce résultat général doit cependant être nuancé puisque seules les compétences d’interface avec les fournisseurs d’équipements seraient véritablement favorables à ce type de comportement innovant. Les compétences d’interface avec les fournisseurs de composants et de matériaux agiraient plutôt au bénéfice des comportements innovants de produits comme l’indiquent les coefficients estimés associés à la variable FSRec.

En matière de compétences d’interface externe les comportements innovants de produits & procédés ne semblent pas présenter de profil véritablement spécifique puisque dans la plupart des cas ils manifestent par rapport aux variables étudiées une sensibilité équivalente ou intermédiaire à l’un des deux autres types de comportements innovants. En particulier nous n’avons pas pu clairement vérifier l’hypothèse selon laquelle les compétences d’interface avec la science (SCI) favorisaient plus ce type de comportement innovant que les autres. De manière plus surprenante nous avons noté un impact très favorable des compétences de coopération sur la probabilité relative d’innover en produits & procédés plutôt qu’en procédés qui reflète certainement le niveau supérieur de complexité de ce type de comportement innovant et la nécessité pour les firmes d’aller au-delà des simples relations marchandes.

De manière plus générale il semblerait que les compétences d’interface externes bénéficient plus aux innovateurs de produits qu’à ceux de procédés. Sur six compétences d’interface externe considérées (FSR, FSRec, USR, COMP, SCI, COOP), trois exercent un impact plus favorable sur l’innovation de produit que sur l’innovation de procédé (FSRmat plutôt que FSReq, USR, COMP), deux n’agissent pas de manière significative, deux (FSR et FSReq par rapport à FSRmat) favorisent l’émergence d’innovations de procédés. Cependant, les comportements innovants les plus sensibles à ce type de compétences ne sont pas ceux de produits mais ceux de produits & procédés comme l’indique l’absence de coefficients estimés significatifs positifs associés aux compétences d’interface externes sur les vecteurs [1] et [2] (à l’exclusion des coefficients associés à FSRec). De manière plus formelle nous avons estimé des modèles exploitant les coordonnées des firmes sur les composantes principales (calculées à partir des variables FSReq, FSRmat, USR, COMP, SCI, COOP) dont les résultats pour CIS1 et CIS2 sont respectivement reportés en annexe. Le premier axe factoriel de ces ACP ne comporte que des coordonnées positives et les principales variables contributrices sont celles liées aux compétences d’interface externes. Les résultats reportés dans le Tableau 198 pour CIS1 et le Tableau 226 pour CIS2 confirment l’idée selon laquelle les principaux bénéficiaires des compétences d’interface externes sont les innovateurs de produits & procédés devant les innovateurs de produits qui se situent eux-mêmes devant les innovateurs de procédés158.

Notes
158.

Pour CIS1 et CIS2 on observe que [1]PRIN1 et [2]PRIN1 sont significativement négatifs ce qui indique la plus grande sensibilité des innovateurs de produits & procédés face aux compétences d’interface externes par rapport aux innovateurs de produits et aux innovateurs de procédés. [3]PRIN1 est significativement positif ce qui signifie que les innovateurs de produits sont plus sensibles aux compétences d’interface externes que les innovateurs de procédés.