L’hétérogénéité des connaissances pour l’innovation

L’équilibre qui s’établit au sein des firmes entre d’une par les compétences destinées à favoriser le développement d’un langage commun (signe d’homogénéité des connaissances) et d’autre part celles visant à stimuler des comportements individuels d’innovation (signe d’hétérogénéité des connaissances) n’est mesurable que dans l’enquête Compétence159. Nous avons précédemment suggéré l’hypothèse selon laquelle la capacité des firmes à entretenir la diversité des connaissances plutôt qu’à développer leur homogénéisation devait favoriser l’apparition de comportements innovants de produits plutôt que de procédés. Inversement des compétences plus marquées dans le domaine de l’homogénéisation des connaissances devraient stimuler l’apparition de comportements innovants de procédés plutôt que de produits.

Les estimations réalisées à partir des données de l’enquête Compétence semblent confirmer cette analyse : le coefficient associé à [3]Het_Hom est positif et significatif au seuil de 5% indiquant donc une plus forte sensibilité des innovateurs de produits que des innovateurs de procédés à la stimulation des comportements innovants individuels plutôt que collectifs160. Cette caractéristique des innovateurs de produits se retrouverait aussi face aux innovateurs de produits & procédés comme l’indique le coefficient estimé positif et significatif associé à [1]Het_Hom tandis que les innovateurs de produits & procédés ne présenteraient pas une sensibilité significativement différente de celle des innovateurs de procédés ([2]Het_Hom non significatif).

Ces résultats tendent à confirmer l’idée selon laquelle pour exploiter les opportunités externes à l’entreprise les innovateurs de produits doivent disposer des compétences assurant un certain degré d’hétérogénéité des connaissances (via la stimulation des initiatives individuelles d’innovations) plutôt que des compétences destinées à l’homogénéisation des connaissances (via le partage des connaissances et le travail d’équipe) comme le font les innovateurs de procédés. En effet, pour exploiter les opportunités d’innovations technologiques de produits en provenance du marché, les firmes doivent maintenir un certain niveau de diversité technologique tandis que pour faciliter l’exploitation des opportunités qui émergent à l’intérieur même de l’entreprise les innovateurs de procédés doivent au contraire homogénéiser les connaissances afin de disposer d’un langage commun permettant un travail collectif plus efficace.

Notes
159.

Yale2 permet uniquement une mesure des compétences des firmes pour la stimulation des comportements innovants collectifs mais pas individuels. Les coefficients associés à cette variable ne sont pas significatifs.

160.

Ce résultat semble particulièrement robuste puisqu’à l’exception des firmes les plus petites, quel que soit le quantile de CAHT96 considéré le signe de [3]Het_Hom est positif.