§ 3 : Synthèse

Tableau 34 : L’impact des compétences sur les comportements innovants : hypothèses et principaux résultats
P(Iprod) / P(Iprodoc)
[1]
(1)
P(Iprod) / P(Iprodoc)
[2]
(1)
P(Iprod)/ P(Iproc)
[3]
(1)
Prévu Estimé Prévu Estimé Prévu Estimé
Compétences d’interface externe Cx
Fournisseurs (tous confondus) FSR - - + ns - -
Fournisseurs d’équipements FSReq - - + + - -
Fournisseurs de composants et matériaux FSRmat ? ns ? - ? +
Utilisateurs USR = ns - - + +
Concurrents COMP = ns - - + +
Institutions scientifiques SCI - ns/- - ns/- ? ns
Coopération COOP = ns - - + ns
Compétences d’interface interne Cn
Polariasation marketing plutôt que production MK-F = + = ns + +
Compétences d’absorption Cp
Recherche développement interne RD - ns/- - - + +
Hétérogénéité (HET) vs. création d’un langage commun (HOM) HET-HOM = + = ns + -
Homogénéité (HOM) HOM = ns = ns - ns
Recrutement d’employés qualifiés pour innover QUAL - ns/- - ns/- ? ns/+
Proportion de cadres – proportion d’ouvriers Cad_Ouv - ns/+ - ns/- ? +
ns : non significatif ; ns/+- : indique qu’il est diffcile de conclure mais qu’on observe une tendance positive (ns/+) ou négative (ns/-).
(1) [1] : probabilité relative d’innover en produits plutôt qu’en produits & procédés ; [2] : probabilité relative d’innover en procédés plutôt qu’en produits & procédés ; [3] : probabilité relative d’innover en produits plutôt qu’en procédés.

En ce qui concerne l’opposition traditionnelle entre les innovateurs de produits et de procédés les résultats empiriques valident la plupart des hypothèses suggérées par les approches théoriques :

Nous penchant maintenant sur le cas particulier des innovateurs de produits & procédés nous avons montré que pour la plupart des compétences considérées ils présenteraient une sensibilité au moins comparable à celle du plus réactif des deux autres types de comportements innovants :

Sous ce premier angle d’analyse les innovateurs de produits & procédés se démarquent par leur aptitude à développer simultanément certaines des principales compétences caractéristiques des innovateurs de produits et de procédés. Il s’agirait d’innovateurs ’super-compétents’ capables de surmonter les contradictions entre le besoin d’une certaine diversité des connaissances technologiques favorable à l’innovation de produit et la nécessité d’un langage commun pour l’innovation de procédé. Nous avions ainsi supposé que certaines compétences supplémentaires devaient caractériser ces innovateurs. Ils devaient en particulier :

Bien qu’en tendance ces hypothèses semblent valides, les résultats présentent une forte volatilité en fonction des enquêtes considérées :

Le niveau de qualification du personnel (mesuré par le ’recrutement d’employés qualifiés pour l’innovation’ et par la ’proportion de cadres par rapport à celle d’ouvriers’) devait aussi exercer un impact positif sur les comportements innovants de produits & procédés par rapport à tout autre type de comportement innovant. Dans le cas du recrutement d’employés qualifiés nous obtenons des coefficients estimés dont les signes correspondent bien à nos hypothèses mais qui ne sont pas systématiquement significatifs. Dans le cas de la proportion de cadre par rapport à celle d’ouvriers les difficultés semblent encore plus importantes puisque cette variable tendrait à agir plus favorablement sur les comportements innovants de produits que sur ceux de produits & procédés.

Ces différents éléments peuvent être synthétisés de manière à dégager des profils types de compétences associées aux comportements innovants de produits de procédés et de produits & procédés (Tableau 35).

Tableau 35 : Les profils de compétences des innovateurs de produits, de procédés et de produits & procédés
Comportement innovant Compétences clefs Profil général Nature des connaissances
Produits ** Interface avec les utilisateurs
** Interface avec les concurrents
** Interface avec les fournisseurs de matériaux et composants plutôt que d’équipements
** Interface interne avec le marketing plutôt qu’avec la production
** Capacité à exploiter les connaissances issues de la R et D interne
*** Capacité à stimuler l’hétérogénéité des connaissances technologiques plutôt qu’à les homogénéiser
** Capacité à exploiter une combinaison productive globalement plus riche en cadres qu’en ouvriers
Forte variété des compétences d’interface externes (avec les fournisseurs de matériaux, les utilisateurs, les concurrents).
Développement concommitant de capacités absorptives fortes plutôt destinées à exploiter des opportunités émergeant en aval (dans le service marketing) plutôt qu’en amont (sur les lieux de production).
Ces capacités absorptives sont fondées sur un personnel qualifié (plutôt des cadres que des ouvriers) dont on exploite l’hétérogénéité des connaissances.
Factuelles
(par les interfaces externes en particulier avec les concurrents)

Sociétales
(pour/par la gestion d’interfaces externes variées et de l’hétérogénéité interne)
Procédés ** Interface avec les fournisseurs en général
*** Interface avec les fournisseurs d’équipements plutôt que de composants et matériaux
** Interface interne avec les productions plutôt qu’avec le marketing
** Capacité à exploiter une combinaison productive globalement plus riche en ouvriers qu’en cadres
Faible variété des compétences d’interface externes (avec les fournisseurs d’équipements presque exclusivement).
En parallèlle faible développement des capacités absorptives qui s’orientent principalement vers l’exploitation des opportunités émergeant en amont (sur les lieux de production) plutôt qu’en aval (dans le service marketing).
Le personnel employé dispose quant à lui d’un niveau de qualification faible (plutôt des ouvriers que des cadres) qui sont fortement incités à partager leurs connaissances et à développer un langage commun.
Factuelles
(à travers l’interface avec les fournisseurs)

Pratiques
(à travers l’interface avec la production et la création d’un langage commun)
Produits & procédés *** Capacité à gérer simultanément les interfaces externes amont (avec les fournisseurs) et aval (avec les utilisateurs et concurrents)
** Capacités d’interfaces dans le cadre de coopérations
* Interfaces avec les institutions scientifiques
** Capacité à exploiter les connaissances issues de la R et D interne
* Capacité à recruter des employés qualifiés pour l’innovation
’Super-compétence’ en matière d’interfaces externes avec les fournisseurs, utilisateurs et concurrents. Tendance aussi à développer de plus fortes compétences d’interfaces avec la science et dans le cadre de coopérations.
Parallèlement, fort développement des capacités absorptives qui tendraient à reposer sur le recrutement d’employés qualifiés pour innover.
Aucun déséquilibre particulier n’est à noter ni entre les compétences d’interfaces avec le marketing plutôt qu’avec la production, ni entre les compétences pour stimuler les comportements innovants individuels plutôt que collectifs.
Factuelles
(via les interfaces externes en particulier avec les concurrents)

Sociétales
(par/pour l’exploitation des interfaces externes variées)

Scientifiques
(par les interfaces avec la science et le recrutement d’employés qualifiés)

Pratiques
(par les coopérations)
*** : Domaine de compétence dans lequel le type de comportement innovant considéré surpasse tous les autres types de comportements innovants ; ** : Domaine de compétence dans lequel le type de comportement innovant considéré se trouve bien placé à égalité éventuelle avec l’un des deux autres types de comportement innovant ; * : Domaine de compétence dans lequel le type de comportement innovant considéré se trouve bien placé mais en tendance uniquement (dans la mesure où les résultats économétriques présentent une certaine volatilité)