b. Appartenance sectorielle et type de comportement innovant

Les études sur le cycle de vie du produit suggèrent déjà depuis longtemps l’idée selon laquelle en fonction de leurs principaux secteurs d’activités toutes les firmes n’auraient pas les mêmes probabilités d’innovation en produits et en procédés. Le tableau 77 ci-dessous confirme cette idée.

Tableau 77 : Distribution des comportements innovants par secteur
Proportions dans le secteur 1
Secteur Effectif sondé Somme des pondérations normalisées Innovant Non innovant Produits Procédés Produits & Procédés
14 Autres industries extractives 75 60,30 0,21 0,79 0,04 0,09 0,07
17 Industrie textile 216 244,33 0,37 0,63 0,10 0,11 0,16
18 Industrie de l’habillement et des fourrures 234 246,63 0,14 0,86 0,05 0,06 0,03
19 Industrie du cuir et de la chaussure 99 90,15 0,24 0,76 0,05 0,13 0,07
20 Travail du bois et Fab. d’articles en bois 132 129,55 0,24 0,76 0,06 0,07 0,11
21 Industrie du papier et du carton 145 115,27 0,34 0,66 0,09 0,08 0,17
22 Edition, imprimerie, reproduction 271 333,49 0,30 0,70 0,04 0,18 0,08
23 Cokéfaction, raffinage, industries nucléaires 16 8,89 0,79 0,21 0,27 0,08 0,44
24 Industrie chimique 170 144,33 0,58 0,42 0,22 0,08 0,29
244 Pharmacie 65 49,10 0,58 0,42 0,18 0,13 0,27
25 Industrie du caoutchouc et des plastiques 229 227,91 0,47 0,53 0,11 0,06 0,30
26 Fab. d’autres produits minéraux non métalliques 135 125,94 0,48 0,52 0,15 0,11 0,21
261 Verre 34 33,99 0,23 0,77 0,01 0,12 0,09
27 Métallurgie 103 82,43 0,40 0,60 0,08 0,17 0,16
28 Travail des métaux 717 787,01 0,29 0,71 0,08 0,10 0,11
29 Fab. de machines et équipements 419 410,71 0,57 0,43 0,24 0,10 0,24
31 Fab. de machines et appareils électriques 148 133,33 0,61 0,39 0,26 0,03 0,32
32 Fab. d’équipements de radio, télévision et communication 76 84,56 0,54 0,46 0,21 0,12 0,21
33 Fab. d’instr. médicaux, de précision, d’optique et d’horloge 166 155,99 0,64 0,36 0,29 0,02 0,33
34 Industrie automobile 99 90,47 0,47 0,53 0,18 0,09 0,21
35 Fab. d’autres matériels de transport 44 33,50 0,51 0,49 0,19 0,12 0,20
353 Aéronaut 22 15,60 0,73 0,27 0,08 0,23 0,42
36 Fab. de meubles ; industries diverses 210 218,55 0,30 0,70 0,08 0,07 0,15
Total 3825 3 822
Proportion dans l’échantillon 0,43 0,67 0,31 0,25 0,44
Proportions moyennes (moyennes des 23 proportions sectorielles) 0,39 0,61 0,12 0,10 0,17
1 Les calculs de fréquences et de proportions sont effectués sur données pondérées. Le même tableau à partir de données brutes est reproduit en annexe X, tableau 75.
N.B. : pour trois secteurs (24 , 26 et 35) nous avons effectué une scission en deux afin de rendre nos résultats comparables avec ceux des enquêtes sur la R&D. Nous distinguons ainsi les secteurs 24 / 244, 26 / 261 et 35 / 353.
Source : Enquête CIS1 SESSI
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Figure 25 : Distribution des types de comportement innovant par secteur dans l’enquête CIS1
[Note: Source : CIS1 SESSI et Tableau 77]

Bien que notre objectif ici ne soit pas de proposer une analyse sectorielle approfondie de l’innovation, quelques faits marquants méritent d’être soulignés. Le tableau 77 montre en particulier que selon les secteurs la proportion globale de firmes innovantes varie très fortement (elle va d’un minimum de 15% de firmes innovantes dans l’industrie de ’l’Habillement et des fourrures’ à un maximum de 82% dans ’l’Aéronautique’).

Tableau 78 : Corrélations entre types de comportements innovants au niveau sectoriel (CIS1)
Types de comportements innovants
(exprimés en % du nombre total de firmes dans le secteur)
% Innovantes % Produit % Procédé
% Produit 0,82(1)
0,00 (2) -
% Procédé 0,04 -0,42
0,86 0,05
% Produit & Procédé 0,96 0,73 -0,04
0,00 0,00 0,85
Nombre d’observations = 23 secteurs
(1) coefficients de corrélation de Pearson calculés sur données sectorielles
(2) Prob> ;|R| sous Ho:Rho=0
Source : CIS1 SESSI et tableau 77

En outre comme le suggère la figure 25 et l’indique explicitement le tableau 78 ci-dessus la proportion globale de firmes innovantes dans les secteurs (variable que l’on peut interpréter comme une mesure des opportunités technologiques sectorielles) s’accompagne aussi d’une évolution qualitative des comportements innovants. C’est ainsi qu’on trouve dans les secteurs où la proportion de firmes innovantes est la plus élevée les plus fortes proportions de firmes innovantes en produits et en produits & procédés. On observe par ailleurs une forte complémentarité entre innovations de produits & procédés et innovations de produits qui ne se retrouve pas avec l’innovation de procédés. Finalement, les proportions sectorielles d’innovateurs de produits uniquement et de procédés uniquement tendraient à être négativement corrélées. Ces éléments convergent pour indiquer (conformément aux études sur le cycle de vie du produit) que les comportements d’innovation de procédés s’observent essentiellement dans des secteurs peu dynamiques d’un point de vue technologique (caractérisés par de faibles niveaux d’opportunités technologiques) alors que les comportements d’innovation de produits et de produits & procédés seraient en revanche beaucoup plus présents dans les secteurs technologiquement dynamiques (offrant de fortes opportunités technologiques).

Dans une perspective micro-économique, il importera donc par la suite de contrôler explicitement cette composante sectorielle. Ce contrôle peut être réalisé de trois manières différentes :

La première méthode est la plus ’fidèle’ mais elle nécessite l’estimation d’un nombre très important de coefficients. Elle est à ce titre rarement employée faute d’observations. La seconde technique est plus économe en termes d’observations mais peut parfois aussi se révéler trop exigeante en observations lorsque l’échantillon à disposition est très restreint. Dans ces cas-là, la troisième méthode peut être d’une grande utilité puisque (au prix souvent d’une réduction du pouvoir prédictif du modèle) elle permet de contrôler le nombre de variables structurelles employées. En outre, alors que les deux premières techniques ont uniquement la capacité de déceler des différences intersectorielles mais pas de les expliquer, cette dernière méthode permet de proposer et de tester des variables explicatives. Dans notre cas, l’utilisation de la variable ’proportion sectorielle de firmes innovantes’ plutôt que d’un jeu de variables muettes sectorielles entraîne certes une réduction de la vraisemblance du modèle mais permet en revanche une interprétation économique des résultats en termes d’opportunité technologique sectorielle (sur ce sujet voir l’annexe XII).