4 Les étapes de la recherche.

Chacune des parties de cette recherche trouve sa raison d'être dans une logique argumentaire exposant, autant que faire se peut, le versant sociologique et cognitif de notre problématique.

Le concept de transmission d'héritage culturel, dans la littérature sociologique semble, à notre connaissance, constituer une argumentation théorique suffisamment étayée pour donner l'illusion que c'est la seule explication de la réussite ou de l'échec scolaire. Cependant, il reste trop flou et de moins en moins approprié dans le cadre familial. On peut parler de transmission d’héritage immobilier, financier, ou culturel, mais rien ne nous indique comment cette transmission s’effectue. Il nous faudra donc élucider cela. C'est pourquoi la première partie se situe en rupture avec l’idée selon laquelle le niveau socioculturel est à lui seul déterminant pour la réussite scolaire. Il s'agit de porter un nouveau regard sur la famille.

Dans la deuxième partie, le concept d’apprentissage/enseignement de la lecture et de l'acte lexique ²⁰ est abordé en soulignant qu'il subsiste un paradoxe, une contradiction ou encore une interrogation : l’enfant est tenu d’approcher la lecture vers l’âge de 6 ans alors que certains, "lecturisés", en sont capables bien avant le CP. Est-ce à l’école ou à la famille de prendre la responsabilité d’un tel acte cognitif ? Telle pourrait être l’une des questions guidant la réflexion de cet apport théorique. Les deux concepts d’apprentissage et d’enseignement seront donc vus dans une perspective soulignant à la fois la démarche naturelle de l’enfant vers l’approche de l’écrit et la démarche artificielle ou systématique de l’enseignement de la lecture. Peut-on privilégier l’une par rapport à l’autre ou sont-elles complémentaires ? N’y en a-t-il pas une qui s’inscrit dans le sillage de l’autre ? Il est nécessaire de répondre à ces questions ou du moins esquisser des réponses sous cet angle, pour donner une perspective au reste de notre analyse théorique. On ne peut en faire l’économie. N’y a-t-il pas non plus à chercher dans l’histoire, des éléments de réponses à ces différentes questions ?

Le cœur de la recherche est bien de comprendre les conditions de l'élaboration de l'acte de lire. Après avoir décrit ce qu'on pouvait entendre par médiation, il sera intéressant de savoir ce que sont ces attitudes parentales, appelés gestes de médiation qui favorisent l’épanouissement de l'éveil à l'acte de lire. Comment sont-elles porteuses de sens pour l'enfant ? S'appuyant sur des critères précis, la troisième partie sera l'occasion d'exposer l'organisation du dispositif d’exploration des données. En effet,Il nous faut confronter notre question de recherche, ainsi que l’axe hypothétique dans lesquels évoluent les différents apports théoriques, avec les données du terrain. L’explicitation des méthodes d'investigation utilisées, le choix des populations d'enfants et les conditions dans lesquelles se sont déroulées les rencontres avec les parents bâtissent le cadre de la méthodologie retenue. Ce long développement s’avère nécessaire car, tout en admettant les limites de tel ou tel outil, elles garantissent une certaine objectivité quant aux analyses effectuées à partir des données du discours des parents.

L'étude des cinquante entretiens sera l'objet des deux dernières parties. Comme chaque parent a développé ses logiques de pensée par rapport au thème qui lui a été proposé, sa parole se doit d'être restituée car, dans son genre, de par son vécu, son histoire, il reste unique. On y verra entre autres, comment chacun d'eux met en place les gestes de médiation, conditions d'élaboration de l'acte lexique. Tout en prenant garde à ne pas systématiser un discours sociologique traitant de manière quantitative les données, la conclusion offrira des considérations plus globales tout en donnant des réponses qui ne seront jamais définitives. Ce sera l'occasion de sortir de la logique du discours du sujet-parent pour aborder plus largement le problème posé.