2-2 Ne laissons pas le dernier mot à l’A.D.N.

Malgré sa dotation génétique, l'individu est capable, tout au long de sa vie, de modifiabilité ⁶⁴ . Autrement dit, rien n'est jamais joué d'avance. Il peut changer, il possède une capacité d'adaptation intellectuelle qui lui permet le changement, entre autres, cognitif. Son génotype, c'est à dire sa collection de gènes, est singulier ; aucun être au monde, mis à part le cas des jumeaux monozygotes, ne lui ressemble fondamentalement dans sa structure biologique. Son phénotype, en revanche, est soumis aux variations de l'environnement aussi bien en termes biochimiques (chaleur/froid, nourriture, sommeil, rythme, etc.) que sociaux (éducation, société, guerre etc.). Autrement dit, le génotype est aux notes inscrites sur la partition ce que le phénotype est à la qualité des musiciens et à la personnalité du chef d'orchestre ⁶⁵ . Tout être est, par conséquent, doté d'un capital génétique - moitié de son père et moitié de sa mère - qui lui permettra de vivre et d'agir dans et sur le monde. Il est bien entendu comme le dit Albert JACQUARD, "que l'outil intellectuel que nous possédons à un instant donné résulte des informations génétiques que nous avons reçues"⁶⁶ , c'est à dire de la base immuable, inaltérable transmise par voie cellulaire. Mais "il résulte aussi des matériaux dont nous avons disposé pour le construire et de l'usage que nous en avons fait"⁶⁷. L'environnement, par les expériences, les rencontres, les médiations, façonne le phénotype de l'individu qui s'approprie le monde en construisant sa personnalité sur sa base génotypique qui ne subira aucune modification.

A partir du moment où les gènes n'ont plus le monopole, l'éducation est donc possible. Alors, comment se fait-il que, dans une classe, des enfants manifestent certaines facilités apparemment innées telles qu'on dit d'eux qu'ils ont le don de la musique ou la bosse des maths ?