6-1 Là où les représentations de l’enfant conditionnent la réussite future.

Gérard CHAUVEAU et Eliane ROGOVAS-CHAUVEAU ont réalisé des entretiens auprès de 200 enfants issus de fin de grande section et de début de CP, en formulant les hypothèses suivante : "avant l’intervention didactique de l’enseignement, les élèves ont déjà des représentations sur le savoir ou la notion à acquérir. La qualité de l’apprentissage dépend de la qualité de ces représentations initiales. L’efficacité de l’enseignement dépend de la connaissance qu’à l’enseignant des représentations préalables des élèves au sujet du savoir ou de la notion visée"215. Les résultats montrent à l’évidence trois groupes d’enfants dont les comportements diffèrent. Ceux du premier expriment un projet personnel de lecteur, projet apparaissant comme l’une des conditions de la réussite. Ils fournissent des réponses "fonctionnelles", c’est à dire des explications démontrant leur goût de lire, leur volonté d’utiliser le savoir lire dans leurs activités quotidiennes; ils sont en situation de réussite. Le second groupe progresse difficilement ou piétine tant qu’il ne voit pas bien les finalités extrascolaires de la lecture-écriture, tant qu’il ne peut pas définir ses propres raisons d’apprendre à lire. Au lieu de vivre cet apprentissage comme en continuité avec ce qu’il connaît déjà, il le vit davantage comme une obligation et une menace. Le dernier groupe fait apparaître des enfants ayant acquis le caractère phonographique de notre langue écrite, sans en supposer la base alphabétique, sauf de manière intermittente et éphémère.

1er groupe
Présence d'un projet de lecteur

Enfant en voie de lecturisation

En situation de réussite
2ème groupe
Absence d'un projet de lecteur


en situation de difficulté
3ème groupe
Présence d'un projet partiel

Enfant en voie d'alphabétisation

en situation de difficulté

Avoir une bonne représentation de la lecture et de l'acte lexique tel qu'il a pu être défini dans les chapitres précédents semblerait donc conditionner fortement une bonne réussite. Certains, avant même d’entrer en CP, ont déjà une base de "lecturisation" ; ils savent interpréter les écrits, ils découvrent avec leurs parents les joies de la lecture des histoires. G. WELLS (1993) montre, par exemple, que la lecture à haute voix de récits, liée aux dialogues avec eux autour de ces mêmes récits, peut être un gage de réussite scolaire en lecture. De son côté, Daniel PENNAC (1992) donnera comme conseil, aux parents, de raconter des histoires à leurs enfants même si ces derniers savent déjà lire.

Notes
215.

CHAUVEAU (G.)et .ROGOVAS-CHAUVEAU (E).- les idées des enfants de 6 ans sur la lecture écriture, réflexions sur la pratique.- Psychologie Scolaire N°68, 2ème trimestre 1989, pages 10 et 11.