6-4 Là où le langage devient le vecteur le plus important pour la réussite.

Un faisceau d’influences internes ou externes à la famille agit donc sur les relations entre l’enfant et ses parents,bien avant que la scolarité s’amorce.. Le langage oral articulé s’étoffera progressivement en fonction des attentes et des demandes du milieu socioculturel de l’enfant. Cela étant, ils le marquent de leur empreinte culturelle et, dans un long processus de maturation, il va se l’approprier, pour s’exprimer en fonction des éléments retenus de sa langue maternelle qu’il aura intégrée. Il charpentera d’une certaine façon sa faculté de communiquer et de recevoir des messages. Cela fera dire à Laurence LENTIN (1973), "qu’une insuffisance dans le fonctionnement du langage occupe, parmi les causes qui mettent les enfants en difficulté, une place tout à fait prépondérante"225 . Ceci voudrait-il dire, pour autant, que les enfants issus de milieu socioculturels dits "défavorisés" auraient moins de chances de réussir scolairement que les autres ? BERNSTEIN (1975), ayant longtemps travaillé sur les populations dites "défavorisées, rejoint le précédent auteur en apportant un complément primordial. Les uns (appartenant aux classes "défavorisées") ont un "code restreint" ; les autres (appartenant aux classes "favorisées") "un code dit élaboré". Il se trouve que le milieu scolaire utilise davantage le second que le premier. La cause des difficultés scolaires de certains est donc imputable davantage à un mode d’enseignement des connaissances différent des savoirs faire et des savoirs être qu’à la qualité même du code. L’auteur le réaffirme en écrivant «qu’il n’y a absolument rien dans le dialecte, en tant que tel, qui empêche un enfant d’intérioriser et d’apprendre à employer des significations universelles226». Le langage oral, construit dans le giron familial, pourra donc être source d’un handicap, pas tant par sa qualité mais par son utilisation dans un contexte qui ne lui est pas favorable.Le langage écrit et son apprentissage ont ceci de commun avec le langage oral. Ils sont dépendants du développement social de l’intelligence (DOISE, W., MUGNY, G., 1981). La prise de conscience par les parents des possibilités insoupçonnées de l’enfant à faire du sens avec l’écrit peut aider ce dernier à rentrer "en douceur" dans ce nouveau type de communication qui fait appel à l’abstraction et au symbolique.

Notes
225.

LENTIN (L.).- Apprendre à parler.- E.S.F., 1973, page 22.

226.

BERNSTEIN, ( B.).- Langage et classes sociales.- Paris Editions minuit, 1975, page 260.