8-1-2Prendre appui sur le discours des parents

L'orientation de la présente recherche a pour but de comprendre un phénomène qualitativement, de façon à appréhender les conditions d'élaboration du savoir-faire lectoral de l'enfant à l'intérieur même de la relation parents-enfant. Ainsi, elle s'éloigne des différents travaux dont les contours ont été esquissés précédemment. Les données obtenues à l'issue des rencontres avec les premiers acteurs de cette médiation permettent maintenant de donner des réponses à la question posée 249 et d'alimenter les éléments théoriques déjà exposés. Cette recherche n'a pas exigé une population très importante, comme dans le cadre d'une étude de type macrosociologique. Elle s'est centrée plutôt sur des phénomènes diffus et discrets, à observer et à comprendre. Cependant, le choix même de nos interlocuteurs s'est dessiné à partir de l'enfant. Le nombre d'entretiens se justifie donc par la stabilité des données recueillies. En effet, lorsque les derniers entretiens n'ont plus apporté d'éléments pertinents, une "saturation théorique des matériaux empiriques recueillis" s'est fait sentir ; il n'était plus nécessaire d’en rajouter d'autres. C'est en ce sens que nous nous sommes contenté d'une population non représentative de plusieurs classes de C.P., en choisissant d'aller à la rencontre des parents dont les enfants furent en échec ou en réussite lors d'une épreuve de compréhension lexicale, le E 20. Cette passation a permis la constitution de deux groupes d'enfants : les premiers ayant des résultats se trouvant au-dessus X+ET 250 et les seconds dont les résultats se trouvent au-dessous de X-ET. Plusieurs groupes ont été ainsi obtenus dans différents cours préparatoires. L'effet "établissement", afférent à un contexte géographique particulier ayant pu s'avérer déterminant si l'on avait expressément choisi un contexte socio-géograhique précis, est quelque peu annulé. En choisissant de prendre uniquement les enfants en réussite et en échec scolaire lors de l'épreuve, le décalage fait apparaître des contrastes qui offrent une plus grande compréhension des mécanismes à l'œuvre.

En utilisant un outil psychopédagogique reconnu par la communauté scientifique, l'écueil de la subjectivité des enseignantes a été évité. En effet, l'utilisation de cette épreuve offre, autant que faire se peut, la neutralité du choix des "forts et des "faibles" en lecture. Ainsi, l'enseignante n'a pas été actrice de ce choix, car l'épreuve ne tient pas compte de ses propres représentations de l'apprentissage de l'acte lexique. Elle n'a pas été sollicitée pour nommer les enfants. La part de subjectivité des maîtres est ainsi neutralisée ; comme le souligne Pierre MARC lors d'une étude entreprise dans des écoles primaires suisses, "plus les parents d'un élève appartiennent à une zone défavorisée du tissu social, plus cet élève risque d'être durement jugé par son instituteur, plus les parents d'écolier exerçant une profession socialement favorisée, plus cet écolier risque d'être estimer positivement par son maître". Une fois l'épreuve corrigée, les parents dont les enfants ont été sélectionnés ont été rencontrés, pour savoir ce qu'ils font ou ont déjà fait avec leur enfant en matière d'apprentissage de l'acte lexique. Ce n'est qu'une fois tous les entretiens des familles terminés que nous sommes allé à la rencontre des enseignantes, pour obtenir d'elles des compléments d'informations sur les élèves et leur famille, ainsi que sur leurs pratiques pédagogiques.

Maintenant, la description des deux méthodes d'investigation s'impose. La première a permis de sélectionner les enfants et de constituer les deux groupes (GROUPE I, GROUPE II). La seconde s'appuie sur le discours des parents et expose les critères précis d'analyse.

Notes
249.

Cf. introduction page 14.

250.

X = moyenne ; ET = Ecart-Type.