8-3 La deuxième méthode : Une investigation fondée sur l’analyse du discours des parents.

8-3-1 Précautions méthodologiques.

Notre position à la fois d'instituteur et de chercheur ne nous autorise pas à enquêter sur les populations d'enfants et de parents issus des lieux scolaires où nous travaillons. Il n'existe pas dans l'absolu de neutralité chez le chercheur. Pour construire le protocole le plus objectif possible, il aurait fallu que les entretiens soient menés par d'autres personnes que celle qui énonce la problématique et les hypothèses. Mais le manque de moyens ne permet pas cette lourde logistique. Néanmoins, rien n'empêche d'obtenir une objectivité relative dans les données recueillies. A charge, pour le chercheur, de veiller au maximum, lors de l'enquête auprès des parents, à ne pas induire les réponses. L'orientation de la recherche, comme nous l'avons indiqué à plusieurs reprises, a pour but de comprendre un phénomène d’un point de vue qualitatif. Autrement dit, savoir avec précision comment les gestes de médiation propres à l'apprentissage de l'acte lexique sont mis en œuvre dans les familles. Ainsi, elle s'éloigne des différentes démarches macrosociologiques qui mettent une distance effective et épistémologique entre le chercheur et sa population de recherche.

Nous ne pouvons nous satisfaire complètement du simple questionnaire envoyé aux familles. D'une part, vu le nombre de documents en tous genres (publicité, journaux etc.) qu’elles reçoivent, elles risquent d'assimiler le questionnaire à une publicité et on peut penser qu'il serait traité comme telle. D'autre part, étant donné la recherche d'informations qualitatives demandées, ce moyen de recueil de données ne paraît pas à la hauteur des ambitions de l'étude car il ne demande pas une grande implication personnelle ; il n'existe pas de feed-back avec l'enquêteur, comme on peut l'envisager par une interview.